La Suisse et son secret bancaire: quelles pressions ? quels changements ?

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avec Sébastien Guex
Professeur d’histoire à l’Université de Lausanne, spécialiste de l’histoire financière de la Suisse au XIXe et XXe siècle et plus particulièrement de l’histoire du secret bancaire.

Jeudi 28 novembre, 17h15
Geopolis, 2137

L’année 2009, plombée par la crise financière internationale, a marqué un tournant pour le secret bancaire helvétique soumis à la plus sérieuse remise en question depuis la Seconde Guerre mondiale. Les pressions sont d’abord venues du Trésor des Etats-Unis qui accusait UBS d’inciter les contribuables américains à frauder le fisc en cachant leurs avoirs en Suisse. Depuis lors, les offensives sont passées par l’Allemagne, la France et la Commission européenne. Quelle fut la nature de ces pressions ? Quels en sont les résultats pour le secret bancaire helvétique ? Est-il mort ou a-t-il survécu aux attaques en conservant son utilité première visant à protéger les fraudeurs ? L’enjeu est de taille. Une étude, réalisée en 2011 par le cabinet Booz & Company, évalue à 1 485 milliards d’euros les avoirs détenus par des étrangers en Suisse dont plus de 40 % proviendraient d’Europe de l’Ouest. Selon une estimation, seuls 16 % de ces avoirs sont taxés.

Afin de répondre à ces questions et de discuter du rôle de la place financière suisse et du secret bancaire dans la fraude et l’évasion fiscales internationales, le Groupe regards critiques invite Sébastien Guex, l’un des principaux spécialistes de la question.

Article de fond de Sébastien Guex sur le secret bancaire
Les origines du secret bancaire suisse et son rôle dans la politique de la Confédération au sortir de la Seconde Guerre mondiale In: Genèses, 34, 1999. pp. 4-27
De?veloppement de la place financie?re helve?tique et secret bancaire au 20e?me siècle (part. 1), 2001
De?veloppement de la place financie?re helve?tique et secret bancaire au 20e?me siècle (part. 2), 2001.

Entretien avec Sébastien Guex sur l’actualité du secret bancaire
Mentalite? digne d’une re?publique bananie?re (Juin-2013)
Malgre? les promesses de re?gulation, l’ampleur de la fraude fiscale reste gigantesque (Avril 2013)
La Suisse reste-t-elle un havre de paix pour les fraudeurs? (Dec 2012)

 

Vie, capitalisme contemporain et aliénation

Nous soutenons la conférence organisée parPenser-Neocapitalisme
le Groupe de recherche interfacultaire sur les mouvements d’émancipation (GRIME).

avec  Stéphane Haber
Professeur de philosophie à l’université Paris-X Nanterre, spécialiste des théories de l’aliénation en référence à Marx et à Freud.

Mardi 19 novembre, 17h15
Geopolis, salle n° 2227

Dans son dernier livre – Penser le néocapitalisme, Paris, Les Prairies ordinaires, 2013 – l’auteur montre que l’univers économique du capitalisme s’organise autour d’une tendance au toujours plus qui débouche sur un mouvement d’expansion global (toujours plus de capitalisme) ; il s’organise aussi autour d’habitudes et d’institutions qui, tout à la fois, expriment et stimulent un tel impératif d’accroissement illimité.
Pourquoi ces deux caractéristiques ? Parce que la société capitaliste abrite des «puissances autonomes» (des mondes propres, tels que l’univers de la finance, des entreprises, des dispositifs techniques, etc.) qui, sur la base de la logique du profit, visent inexorablement leur reproduction élargie. Elles trouvent les moyens de poursuivre cette fin en entrant en synergie les unes avec les autres.
Ces puissances, devenues trop autonomes, trop remuantes, trop imbues d’elles-mêmes par rapport aux intérêts humains les plus généraux et les plus importants nous dépossèdent de notre capacité de vivre et d’agir. Une telle approche permet de comprendre la nature du «néocapitalisme» : l’âge où ces puissances autonomes se présentant sous une forme décomplexée, exigent de toute la vie sociale et psychique qu’elle se cale sur leurs exigences propulsives d’accélération et de performance.

Entretiens avec/ et textes de Stéphane Haber
L’aliénation comme dépossession des besoins vitaux
Une crise globale qui attend encore sa résolution
Du néolibéralisme au néocapitalisme ? Quelques réflexions à partir de Foucault

Actions contre le pillage des matières premières

Cette semaine, le GRC co-organise plusieurs évènements en vu du « Global Commodities Summit 2013 », le sommet global des matières premières, qui aura lieu à Lausanne, au Beau-Rivage Palace, du 15 au 17 avril. Ce sommet va réunir les sociétés de négoce, les banques et les investisseurs les plus importants dans ce domaine.

Vu les nombreuses conséquences désastreuses sociales, économiques et ecologiques qui résultent de la gestion des matières premières à l’heure actuelle, nous vous invitons donc cordialement aux projections, conférences et débats suivants:

Projection du film: « Zambie : À qui profite le cuivre ? »

Film documentaire d’Alice Odiot et Audrey Gallet

Prix Albert Londres audiovisuel 2012 • 53 min

Mardi 9 avril, 17h15, Anthropole, salle 2013

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Conférence du Prof. Sébastien Guex (UNIL):

« La place et le rôle de la Suisse dans le commerce international des matières premières, 19-20e siècles »

Mercredi 10 avril, 17h15, Géopolis, salle 1620

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Débat contradictoire : Quelles limites à la spéculation sur les matières premières ?

avec Jean-Michel Dolivo, député au Grand Conseil vaudois (groupe La Gauche), et François Schaller, rédacteur en chef du quotidien l’AGEFI

Jeudi 11 avril, 12h15-13h, Anthropole, salle 2013

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Projection du film: « Main basse sur le riz: Spéculations, pénuries et corruption »

Film documentaire de Jean Crépue et Jean-Pierre Boris

Jeudi 11 avril, 17h15, Géopolis, salle 2121

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Nous vous indiquons également le projet du « anti-sommet », organisé par le collectif contre la spéculation sur les matières premières: (programme détaillé en annexe)

– Divers Témoignages et débats autour du sujet

– Grand débat le soir avec Jean Ziegler, Jo Lang et autres

Samedi 13 avril, de 13:30 à 22:00 à la Maison de quartier Sous-Gare, 50 avenue Édouard Dapples, 1006 Lausanne

– Grande manifestation

Lundi, 15 avril à 17:30 à la place Saint-François

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Pour plus d’informations, rendez-vous sur les sites suivants:

Site web du « Global Commodities Summit 2013 » (en anglais)

Site web de l’anti-sommet

Viande: en Suisse aussi, l’heure de passer à table

Débat avec Kate Amiguet, Samuel Debrot, Claude-André Fardel et Hugues Poltier
Mardi  26 mars 2013, 17h15,
Salle 2024  , Anthropole (Unil)

Bien avant le scandale des lasagnes au cheval, le journal des étudiants de l’Unil avait décidé de s’interroger sur la consommation de viande. Suite au dossier paru dans le dernier numéro, L’auditoire  prolonge la question et organise en partenariat avec le Groupe Regards Critiques un débat réunissant diverses personnalités suisses.

Au-delà de ce que relaie la presse aujourd’hui (étiquetage, traçabilité, etc.), élargissons le questionnement: Comment en est-on arrivé là? Comment l’industrialisation de la production de viande a vu le jour, et pourquoi ce système a-t-il dégénéré de manière plus flagrante ces dernières années?

Avons-nous conscience de ce qu’il y a derrière la barquette achetée au supermarché – même estampillée de labels suisses rassurants? Pouvons-nous feindre de l’ignorer? Si les problèmes sanitaires monopolisent le débat, la souffrance animale est un élément qu’on ne peut rejeter au second plan: malgré ses législations strictes, la Suisse aussi élève souvent ses animaux de rente dans des conditions plus que révoltantes.

AVEC

Kate Amiguet
(réalisatrice du documentaire suisse « Derrière les portes »)
Samuel Debrot
(ancien vétérinaire municipal, ancien directeur des abattoirs de Malley, président à vie de la SVPA)
Claude-André Fardel
(membre du comité de la Fédération vaudoise des syndicats d’élevage)
Hugues Poltier
(MER en philosophie pratique)

Attention, la séance a exceptionnellement lieu un mardi!

LES ÉTATS-UNIS : GUERRES MILITAIRES ET GUERRES SOCIALES, ENTRE DOMINATION IMPÉRIALISTE ET RAVAGES DU NÉOLIBÉRALISME

Mercredi 5 et jeudi 6 mai 2004
Lieu: UNIL, Salle de conférence de la BCU (Bibliothèque cantonale universitaire), bâtiment central (Banane), 2ème étage.
Entrée libre

Programme

Mercredi 5 mai

10h15 – 11h30
La dimension militaire de l’hégémonie américaine,
Gilbert Achcar (Université Paris VIII)

12h15 – 13h30
Table-ronde sur les élections américaines,
au BFSH-1, salle 273 avec tou-te-s les invité-e-s

15h15 – 16h30
La finance mondialisée au service du dollar ?
Peter Gowan (University of North London)

Jeudi 6 mai

9h15 – 10h30
La dynamique du capitalisme américain: un éclairage historique
Gérard Duménil (directeur de recherche au CNRS)

11h – 12h15
Les coûts sociaux du libéralisme américain, les conséquences d’une société de marché
Isabelle Richet (Université Paris X)

14h15 – 15h30
Oppression et résistances des femmes dans la société américaine,
Angela Hubler (Université du Kansas)

 Sujet

Les Etats-Unis sont souvent présentés comme l’icône d’une société idéale, soutenue par une économie dynamique et constituant un exemple à suivre pour les autres pays. Cette description ressort plus du mythe que de la réalité, et derrière le « rêve américain » d’une infime couche de la population, se cache le cauchemar du plus grand nombre. Mais dénoncer le mythe ne suffit pas à comprendre quels en sont les ressorts. Pour cela, nous tenterons d’éclairer les les dimensions d’exploitation et d’oppression qui soutiennent la position étatsunienne, afin de montrer que sa situation constitue une exception et qu’elle a pour prix une extrême violence sociale, militaire et économique. D’une part, la société américaine, pour peu que l’on dépasse les images d’Epinal qui nous sont offertes par les médias, est une société profondément inégalitaire, dans laquelle une véritable « guerre sociale » intérieure permet d’entretenir l’énorme exploitation des salariés. Les « working poor » de plus en plus nombreux, le sous-développement des systèmes sociaux, la surexploitation des femmes, le chômage des noir-e-s illustrent l’extrême violence sociale qui constitue l’envers du décor du libéralisme américain tant envié par les gouvernements européens.

D’autre part, l’exemplarité des Etats-Unis est forgée par une position internationale particulière, basée sur des rap p o rts de fo rces internationaux contrôlés de manière hégémonique par les Etats-Unis. Ce contrôle est construit sur des niveaux différents mais intimement liés, qui forment un véritable système impérialiste. Tout d’abord, la mainmise des Etats-Unis sur les mécanismes financiers leur permet d’orienter à leur profit le fonctionnement des marchés financiers internationaux, ce qui n’est pas étranger à l’extrême instabilité qui a ravagé et ravagera encore l’économie de pays entiers. Ensuite, l’économie américaine fonctionne en ponctionnant des capitaux du monde entier, à la fois en empruntant aux autres pays, ce qui en fait un pays extrêmement endetté, mais également en retirant des profits très élevés de ses investissements directs à l’étranger, alors que les investissements étrangers aux Etats-Unis sont beaucoup moins bien rémunérés. Enfin, la puissance militaire américaine reste plus que jamais l’un des piliers de cette domination, la politique de guerre et d’occupation en Irak est le dernier exemple en date de la capacité américaine à lier stratégie géopolitique et intérêts économiques. Les intervenant-e-s, spécialistes de ces questions, devraient nous permettre, sans tomber dans l’anti-américanisme, de débattre de la situation et de commencer à mettre en lumière les acteurs et les mécanismes du théâtre d’ombre du rêve américain…

Intervenant-e-s

Gilbert Achcar
Université Paris VIII, auteur de L’Orient incandescent, le Moyen-Orient au miroir marxiste, Page 2, 2003 et de Le choc des barbaries, 10/18, 2002

Gérard Duménil
Economiste, directeur de recherches au CNRS-CEPREMAP, auteur de Economie marxiste du capitalisme, La Découverte, 2003 et de La dynamique du capital. Un siècle d’économie américaine, PUF, 1996 (avec D. Lévy)

Peter Gowan
University of North London auteur de The Global Gamble. Washington’s Faustian Bid for World Dominance, Verso, 1999

Angela Hubler
Professeure en études genre, Université du Kansas, militante engagée dans la campagne pour des salaires permettant de vivre décemment

Isabelle Richet
Université Paris X, auteure de Les dégâts du libéralisme. Etats-Unis, une société de marché, Textuel, 2002

 

MONDIALISATION ET CRISE ÉCOLOGIQUE : Pour en finir avec la planète ?

Les 19 et 20 janvier 1999
Débats sur l’écologie, la science et le progrès. Grange de Dorigny, Lausanne

Sujet

La crise écologique contemporaine représente une nouveauté radicale dans l’histoire de l’humanité. En effet, si l’être humain a de tout temps cherché à maîtriser son environnement naturel, les modifications infligées à la biosphère depuis la révolution industrielle, et plus particulièrement depuis quelques décennies avec le développement du marché mondial, de l’industrie automobile et chimique et de l’agro-business, ont acquis un caractère à la fois global et irréversible.

Les multiples facettes de cette crise sont bien connues: réchauffement des climats terrestres dû à l’augmentation de l’effet de serre de certains composants de l’atmosphère, rétrécissement de la couche d’ozone, érosion des sols, déforestations massives, épuisement de ressources essentielles – dont l’air respirable et l’eau potable -, désastres industriels et déchets atomiques dont la gestion semble insoluble, sont autant de perturbations d’origine anthropique qui affectent des groupes sociaux immenses.

La crise écologique actuelle met à jour les contradicitons flagrantes entre un monde aux ressources naturelles limitées et la logique productiviste qui s’incarne aujourd’hui dans le capitalisme, où la centralité du profit implique la « production pour la production », la création infinie de besoins et l’expansion continue des marchés, et ceci sans prendre en compte d’autres contraintes comme l’épuisement des ressources naturelles, les effets de la production ou de la consommation sur le milieu naturel ou les incidences sociales. Cette recherche d’un profit immédiat et maximum est un obstacle à la vison à long terme d’une gestion raisonnée des ressources naturelles.

Si la prise de conscience de l’importance de cet enjeu est aujourd’hui réelle, les réponses apportées sont loin d’être satisfaisantes. Comme dans tous les autres domaines, le paradigme néo-libéral s’impose dans le débat sur l’écologie. Cette approche prétend régler les problèmes écologiques par internalisation, c’est-à dire par la prise en considération dans les coûts de production – et donc dans les prix de vente… -, des coûts des dommages infligés à l’environnement. Cette démarche aboutit à une extension des droits de propriété sur les ressources naturelles et une marchandisation de la nature, donc à une inégalité accrue dans la répartition des richesses et dans l’accès à des ressources globales limitées. La mise en place d’un marché des permis négociables accordant des droits de polluer, l’instauration d’écotaxes, ou la volonté de développer les échanges dettes/nature pour les pays du Sud en sont les concrétisations les plus en vogue actuellement.

Pour nous, la réponse à la crise écologique ne peut qu’être une réponse aux contradictions générales de nos sociétés humaines. Il s’agit de sortir d’une démarche économiciste étriquée prétendant que l’économie à ses propres règles et contraintes auxquelles la nature et l’ensemble de la société doivent impérativement s’adapter, et d’articuler la problématique écologique à une réflexion critique sur le système capitaliste et les inégalités sociales qu’il produit. Dans une telle perspective, il est également pertinent de s’interroger sur la notion même du progrès, et de poser la question du rôle que le développement scientifique et technologique doivent assumer aujourd’hui.

Programme

Mardi 19 janvier 1999 au BFSH2 :

•Introduction à la critique écologique des sociétés industrielles par José Manuel NAREDO

•Quelles réponses politiques à la crise écologique? Tour d’horizon, du néo-libéralisme à l’éco-socialisme

•L’écologisme populaire au Brésil: une lutte combinant protection de l’environnement et défense des droits sociaux par José Augusto PADUA

Mercredi 20 janvier 1999 au bâtiment de biologie :

•Critique de la notion de progrès: les enjeux d’une certaine rationalité scientifique par Michael LOWY

•Science et développement technologique: l’exigence d’une maîtrise démocratique par Samuel JOSHUA

Conférenciers

J. M. Naredo :

J. M. Naredo est économiste, directeur de la Fundación Argentaria, Madrid. Il est notamment l’auteur de La economia en evolucion, Madrid, Siglo XXI, 1987, et a publié, avec A. Valero, Desarrollo económico y deterioro ecológico, Madrid, F. Argentaria and Visor Distrib., 1998.

J. A. Padua :

J. A. Padua est historien et membre du conseil international de la revue Ecologia politica. Il est responsable de la coordination de la campagne de Greenpeace sur les forêts.

M. Löwy :

M. Löwy est sociologue. Il est directeur de recherche au C.N.R.S. et enseignant à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Parmi d’autres ouvrages, il a publié Paysages de la vérité: introduction à une sociologie critique de la connaissance, Paris: Ed. Anthropos, 1985.

Samuel Joshua :

S. Johsua est professeur à l’Université de Provence (Aix-Marseille) et responsable du Département des Sciences de l’Education; il a notamment publié, en coll. avec Jean-Jacques Dupin, Introduction à la didactique des sciences et des mathématiques, PUF 1993, et Représentations et modélisations: le « débat scientifique » dans la classe et l’apprentissage de la physique, P. Lang 1989.

 

LE « MODÈLE AMÉRICAIN  » : Une perspective hégémonique pour la fin du millénaire ?

Mardi 12 mai 1998, salle 2106
BFSH2, Université de Lausanne

Sujet

Depuis une vingtaine d’années, prophètes et cassandres de tout bord nous annoncent périodiquement la chute puis le retour du miracle américain. Actuellement, les Etats-Unis semblent jouir d’une reprise économique et d’une stabilité politique à faire pâlir d’envie les autres pays industrialisés. Cette situation va-t-elle durer? Ce nouveau « miracle » sera-t-il à nouveau rapidement frappé d’obsolescence? Pour comprendre la réalité complexe des Etats-Unis à la fin de ce siècle, le Groupe Regards Critiques organise le mardi 12 mai une journée de conférences et de débats avec des intervenant-e-s d’Europe et des Etats-Unis. Nous vous invitons toutes et tous à y participer.

Au premier abord, tous les indicateurs économiques présentent une véritable vitrine du succès à l’américaine. Avec une croissance économique forte du produit intérieur brut (PIB) (+3.8% en 1997), un chômage bas (« à peine » 4.7% en 1997) combiné à la création de plus de 3 millions d’emplois l’an dernier, et enfin l’effacement des derniers déficits publics annoncés pour 1999 (après trois décennies de déficits), tout semble aller pour le mieux pour les Etats-Unis. Si l’on ajoute à cela une suprématie incontestée sur le plan militaire, l’offensive permanente de la culture américaine, ainsi que le poids des Etats-Unis dans les organisations économiques et financières internationales, on obtient en effet une performance présentée continuellement comme un succès incontestable, voire un modèle à suivre.

Derrière la vitrine du succès, une société écartelée

Quel est le prix de ce soit-disant succès américain? En 1998, qui sont les gagnant-e-s et les perdant-e-s de deux décennies de politiques néolibérales menées aussi bien par Reagan et Bush que par Clinton? En premier lieu, les conditions de travail et d’emplois sont en fort décalage avec l’enthousiasme de la croissance. Le taux de chômage américain reste en effet fortement sous-évalué et ne prend, par exemple, que peu en compte le sous-emploi: toute personne ayant travaillé ne serait-ce qu’un jour dans la semaine précédant l’enquète de l’office du travail est considérée comme active. Calculé selon des méthodes statistiques en cours en Europe, le taux de chômage américain s’approcherait plus des 9% un taux fort euro-compatible et non plus miraculeux. De plus, si l’on assiste actuellement à une légère hausse des revenus des salarié-e-s, cette dernière intervient après deux décennies de baisse continue et de flexibilisation extrême des rémunérations. En 1994, 95% des familles avec enfants avaient besoin de deux salaires à temps plein pour maintenir le revenu familial. Dans un pays où près d’un cinquième des salarié-e-s ne bénéficient pas d’assurance maladie (41.7 millions de personnes!) et où le salaire horaire minimum s’établit à moins de 10 francs, il ne suffit pas de travailler pour échapper à la pauvreté! Cet écartèlement des conditions de travail est renforcé par le démantèlement constant des protections sociales. Selon les héraults des contre-réformes sociales, il faut désormais faire table rase du welfare pour mettre en avant le workfare, c’est-à-dire passer de la notion de droit à une assurance sociale à celui d’une aide conditionnelle à la volonté de « remise au travail ». Déjà reprise par Tony Blair en Grande-Bretagne, cette conception trouve de plus en plus d’écho en Europe. La détérioration massive des conditions de travail et d’emploi sont d’autant plus frappantes que le taux de profit des entreprises américaines a atteint en 1994-1995 son plus haut niveau depuis 1959, année phare de la croissance d’après-guerre, et que les différences de revenu, sans parler de la fortune, ont continué à progresser durant les années 1990. Après vingt ans de dérégulation et de flexibilisation, ce sont toujours les couches aisées qui profitent de la croissance économique actuelle, alors que les revenus de la majorité de la population demeurent bloqués, voire continuent leur régression. L’adage des années Reagan selon lequel the rich get richer and the poor get poorer reste donc d’une brûlante actualité.

Déficit zéro pour 1999: mais qui va payer le prix des plans d’austérité?

En janvier de cette année, le Président Clinton a annoncé pour 1999 le premier équilibre budgétaire après trente ans de déficits, un but qui ne devait être atteint qu’en 2002. Une fois examinée de plus près, cette performance paraît moins sensationelle. A vrai dire, les chiffres « astronomiques » du déficit américain (1994: 240 milliards de $; 1996: 160 milliards…) sont trompeurs. En effet, les déficits de ces dernières années sont toujours restés inférieurs à 2% du PIB américain. Les Etats-Unis ont de ce fait scrupuleusement respecté les critères de Maastricht qui fixent une limite acceptable des déficits à 3% du PIB. Comme partout, le prétexte des caisses vides a permis la mise en place de programmes d’austérité très durs: outre les coupes dans les assurances sociales, on assiste au jeûne forcé des services publics fédéraux, à la fin des programmes de lutte contre la pauvreté, à l’abolition des mesures positives (affirmative action) en faveur des femmes et des minorités ethniques, au doublement du montant des taxes universitaires (et dans le même temps à la division par deux du montant des bourses allouées). Depuis 1992, la présidence Clinton a suivi scrupuleusement les traces de ses prédécesseurs néolibéraux. Le retour des excédents budgétaires annonce-t-il un tournant de la politique menée jusqu’à présent? Rien n’est moins sûr, puisque les nouveaux crédits proposés par Clinton dans les domaines de la formation et du social seront financés par des coupes dans d’autres postes du budget fédéral et qu’il est déjà prévu de procéder à de nouvelles exemptions fiscales. En conclusion, le renflouement des finances publiques n’arrêtera pas la déferlante anti-sociale de l’austérité, un élément qui laisse songeur alors qu’en Suisse Kaspar Villiger nous propose l’effacement des déficits de la Confédération pour 2001.

Les Etats-Unis en 1998: un horizon qui nous guette bientôt?

Comme nous pouvons le constater, la croissance des dernières années se fait sous une forme extrêmement inégalitaire et dommageable pour la grande majorité de la population. Vu l’engouement suscité en Europe et en Suisse par les expériences américaines en matière de flexibilisation du travail et de l’emploi, ou encore de réforme des assurances sociales, il est nécessaire de réfléchir et débattre ensemble des conséquences et des enjeux de ces politiques. En effet, nous estimons que le « modèle américain » n’est pas inéluctable et que comprendre les Etats-Unis d’aujourd’hui permet de se préparer aux luttes de demain.

 

Programme

•9h00-10h30 Louis MAURIN (économiste, collaborateur à Alternatives Economiques, Paris)

La redéfinition à la baisse du marché de l’emploi aux USA: chômeurs cachés et « working poors »

•11h00-12h30 Holly SKLAR (collaboratrice au mensuel Z Magazine, auteure de plusieurs livres sur l’évolution récente des USA, Boston):

Du « Welfare » au « Workfare »: les logiques du démantèlement des assurances sociales et de la mise au travail

•14h00-15h30 Chip BERLET(chercheur et militant à l’institut « Political Research Associates » de Boston, spécialiste de la droite et de l’extrême-droite américaine):

L’arsenal idéologique de la droite américaine: « classes dangereuses » et « welfare queens »

•16h00-17h30 Kees VAN DER PIJL (professeur de relations internationales à l’Université d’Amsterdam):

Impérialisme américain et organisations internationales

 

Où va le travail? Réflexions sur le salariat et les réformes de l’organisation du travail

25 mars 1998

Programme

Mateo ALALUF: « Formation et emploi en crise? » Le développement des formations professionnelles en relation avec la crise de l’emploi.

Danielle LINHART: « Flexibilité et organisation du travail ». Des contre-réformes opprimant les travailleurEs.

Pierre ROLLE: « Où va le salariat? » Réflexions sur l’évolution du salariat de la fin du XXe siècle

 

 

Vers l’Europe de Maastricht ? A quel prix? Pour quel projet de société?

22 et 23 avril 1997

Programme

Francisco LOUCA: Réflexions sur les »ondes longues » du développement socio-économique en Europe

Jesus ALBARRACIN: Dynamiques de la construction européenne depuis le début des années 1970

Peter GOWAN: Europe de l’Est: vers quelle intégration?

Alisa DEL RE: Le démantèlement de l’Etat social et ses conséquences sur les femmes

Jean-François MARQUIS: Réflexions critiques à propos de l’intégration de la Suisse à l’Europe du capital

Philippe ZARIFIAN: Alternatives au chômage et à l’exclusion

Mary FARRELL: Un bilan des privatisations néo-libérales en Angleterre

 

Actes

Les actes de ce colloque ont été publiés :

« Bienvenue en Euroland! De l’Europe de Maastricht à l’Euro, Actes du colloque organisé par le Groupe Regards Critiques à l’Université de Lausanne les 22 et 23 avril 1997, Les Annuelles 9/1998, Lausanne: Editions Antipodes (Histoire et Société contemporaine), 1998.

 

L’ENFANT EXPLOITE : Entre mondialisation de l’économie et travail des enfants

Jeudi 25 Avril 1996
Espace Rencontre ZELIG (BFSH-2)

Sujet

POURQUOI LE TRAVAIL DES ENFANTS?

Alors que l’on proclame et défend fièrement la globalisation de l’économie, le Groupe Regards Critiques se pose la question de la (ir-)rationalité du travail des enfants dans la perspective de l’économie de marché…

Une exploitation en pleine expansion

En effet, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l’exploitation de l’enfance a pris une ampleur sans précédent. Mieux, elle domine actuellement toute une série de débats tant au sein des médias que des ONG ou de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), notamment au travers des discussions autour de la clause sociale. En effet, le travail des enfants n’a jamais été aussi important, et même largement sous estimé: l’Organisation Internationale du Travail (OIT) évalue qu’un enfant sur quatre entre 10 et 14 ans travaille dans le Tiers monde, et qu’au Brésil, ils constituent 18% de la force de travail. En outre, ils constituent 44 millions de travailleurEs en Inde, 12 millions au Nigéria, 8 millions au Pakistan, etc.

Quels enjeux?

Alors que la révolution industrielle s’est en partie développée à travers l’exploitation du travail des enfants – aujourd’hui interdit par la loi-, mais persiste informellement dans des pays comme l’Italie, les Etats-Unis, l’Espagne, le Portugal, la Grèce, etc. Comment peut-on analyser cette forme extrême d’exploitation humaine? Quelle est la rationalité d’un mode de production qui tend à engendrer de telles atrocités, et dont notre « prospérité » dépend? Comment envisager le développement des pays du Sud condamnés à jouer sur la concurrence à la baisse du coût de la force de travail, l’un de leurs seuls « avantages comparatifs » face à la mondialisation de l’économie? Confronté à l’échec de la Convention sur les droits de l’enfant, malgré sa très large ratification à l’ONU, quelles résistances est-il possible et nécessaire de mener aujourd’hui dans ce contexte?

Programme

•09:00 Bernard SCHLEMMER (Directeur du Laboratoire des Sciences de l’Homme à l’ORSTOM -Paris):

Les réalités du travail des enfants aujourd’hui

•10:30 Rosalind BOYD (Rédactrice de la Revue Travail Capital et Société; chercheure principale à l’Université Mc Gill de Montréal):

The Gender character of child labour and the implication for advocacy work

•14:00 Michel BONNET(Expert au Bureau International du Travail dans le cadre du programme IPEC – International Program for Elimination of Child Labour -Genève):

Les cas de servitude pour dette.Une enfance sans avenir

•15:30 Claude MEILLASSOUX (Anthropologue de renom, directeur de recherche au CNRS -Paris):

Les rationalisations du travail des enfants dans la perspective de la mondialisation de l’économie