Réponse du GRC aux propos diffamatoires du Prof. Jacques Ehrenfreund sur 24Heures !

Le 5 mai 2024, le Groupe Regards Critiques (GRC) a découvert avec consternation une interview du Prof. Jacques Ehrenfreund, théologien et titulaire de la chaire d’histoire des Juifs et du judaïsme à l’Université de Lausanne (UNIL), sur 24Heures, reprochant de manière diffamatoire à notre association et celle de Lausanne Palestine d’intimider des professeur·e·s de l’UNIL sur la question israélo-palestinienne. Selon l’interviewé, le GRC effectuerait des “tentatives d’intimidation contre des professeurs”. Le GRC n’a jamais et dans aucun cas demandé la censure de professeur·e·s et n’a jamais menacé  directement l’interviewé. Il est crucial de souligner que notre réticence à certains cours et conférences ne vise pas à restreindre la liberté académique, mais plutôt à garantir une représentation équilibrée et juste du conflit israélo-palestinien. Nous avons simplement critiqué l’axe d’analyse de la conférence telle que présentée. 

En effet, d’une part nous pensons qu’une analyse religieuse de la question israélo-palestinienne serait fortement réductrice. Nous contestons fermement les analyses qui présentent un biais en faveur d’une perspective particulière en négligeant les réalités de l’occupation israélienne et les souffrances du peuple palestinien depuis 75 ans. Il est essentiel de reconnaître que le conflit israélo-palestinien est marqué par des asymétries de pouvoir flagrantes et des violations massives des Droits humains et du Droit international commises par Israël à l’encontre du peuple palestinien. Sinon, l’on risque de nier les dynamiques socio-politiques, coloniales et racistes au cœur du conflit. D’autre part, nous nous étonnons qu’un historien reconnu puisse promouvoir la vision d’une histoire “neutre”, alors que la question israélo-palestinienne est fondamentalement politique. Toute tentative de présenter cette histoire comme “neutre” risque d’invisibiliser des réalités concrètes de luttes, de pouvoir, ainsi que des injustices historiques qui sous-tendent ce conflit. Se rappeler de cette réalité historique et exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent en Palestine ne signifie pas que nous omettons les otages israéliens et toutes les victimes de la politique coloniale et d’apartheid de l’Etat israélien. 

Compte tenu de ce qui a été affirmé précédemment, nous rejetons catégoriquement les accusations d’antisémitisme venant de M. Ehrenfreund. En effet, entre les lignes de son interview, nous constatons une instrumentalisation honteuse de l’antisémitisme pour délégitimer nos propos. Selon le professeur, “le fait que les otages soient Juifs fait obstacle à les considérer comme civils innocents”. Nous nous opposons et condamnons fermement toute forme d’oppression et de discrimination dont l’antisémitisme et le racisme. Nous invitons donc M. Ehrenfreund à condamner lui aussi non seulement l’antisémitisme, mais également le racisme et notamment le colonialisme israélien, ainsi que le génocide commis contre le peuple palestinien que de nombreuses associations juives dans le monde, comme Jewish Voice for Peace, condamnent avec véhémence.

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