LES ÉTATS-UNIS : GUERRES MILITAIRES ET GUERRES SOCIALES, ENTRE DOMINATION IMPÉRIALISTE ET RAVAGES DU NÉOLIBÉRALISME

Mercredi 5 et jeudi 6 mai 2004
Lieu: UNIL, Salle de conférence de la BCU (Bibliothèque cantonale universitaire), bâtiment central (Banane), 2ème étage.
Entrée libre

Programme

Mercredi 5 mai

10h15 – 11h30
La dimension militaire de l’hégémonie américaine,
Gilbert Achcar (Université Paris VIII)

12h15 – 13h30
Table-ronde sur les élections américaines,
au BFSH-1, salle 273 avec tou-te-s les invité-e-s

15h15 – 16h30
La finance mondialisée au service du dollar ?
Peter Gowan (University of North London)

Jeudi 6 mai

9h15 – 10h30
La dynamique du capitalisme américain: un éclairage historique
Gérard Duménil (directeur de recherche au CNRS)

11h – 12h15
Les coûts sociaux du libéralisme américain, les conséquences d’une société de marché
Isabelle Richet (Université Paris X)

14h15 – 15h30
Oppression et résistances des femmes dans la société américaine,
Angela Hubler (Université du Kansas)

 Sujet

Les Etats-Unis sont souvent présentés comme l’icône d’une société idéale, soutenue par une économie dynamique et constituant un exemple à suivre pour les autres pays. Cette description ressort plus du mythe que de la réalité, et derrière le « rêve américain » d’une infime couche de la population, se cache le cauchemar du plus grand nombre. Mais dénoncer le mythe ne suffit pas à comprendre quels en sont les ressorts. Pour cela, nous tenterons d’éclairer les les dimensions d’exploitation et d’oppression qui soutiennent la position étatsunienne, afin de montrer que sa situation constitue une exception et qu’elle a pour prix une extrême violence sociale, militaire et économique. D’une part, la société américaine, pour peu que l’on dépasse les images d’Epinal qui nous sont offertes par les médias, est une société profondément inégalitaire, dans laquelle une véritable « guerre sociale » intérieure permet d’entretenir l’énorme exploitation des salariés. Les « working poor » de plus en plus nombreux, le sous-développement des systèmes sociaux, la surexploitation des femmes, le chômage des noir-e-s illustrent l’extrême violence sociale qui constitue l’envers du décor du libéralisme américain tant envié par les gouvernements européens.

D’autre part, l’exemplarité des Etats-Unis est forgée par une position internationale particulière, basée sur des rap p o rts de fo rces internationaux contrôlés de manière hégémonique par les Etats-Unis. Ce contrôle est construit sur des niveaux différents mais intimement liés, qui forment un véritable système impérialiste. Tout d’abord, la mainmise des Etats-Unis sur les mécanismes financiers leur permet d’orienter à leur profit le fonctionnement des marchés financiers internationaux, ce qui n’est pas étranger à l’extrême instabilité qui a ravagé et ravagera encore l’économie de pays entiers. Ensuite, l’économie américaine fonctionne en ponctionnant des capitaux du monde entier, à la fois en empruntant aux autres pays, ce qui en fait un pays extrêmement endetté, mais également en retirant des profits très élevés de ses investissements directs à l’étranger, alors que les investissements étrangers aux Etats-Unis sont beaucoup moins bien rémunérés. Enfin, la puissance militaire américaine reste plus que jamais l’un des piliers de cette domination, la politique de guerre et d’occupation en Irak est le dernier exemple en date de la capacité américaine à lier stratégie géopolitique et intérêts économiques. Les intervenant-e-s, spécialistes de ces questions, devraient nous permettre, sans tomber dans l’anti-américanisme, de débattre de la situation et de commencer à mettre en lumière les acteurs et les mécanismes du théâtre d’ombre du rêve américain…

Intervenant-e-s

Gilbert Achcar
Université Paris VIII, auteur de L’Orient incandescent, le Moyen-Orient au miroir marxiste, Page 2, 2003 et de Le choc des barbaries, 10/18, 2002

Gérard Duménil
Economiste, directeur de recherches au CNRS-CEPREMAP, auteur de Economie marxiste du capitalisme, La Découverte, 2003 et de La dynamique du capital. Un siècle d’économie américaine, PUF, 1996 (avec D. Lévy)

Peter Gowan
University of North London auteur de The Global Gamble. Washington’s Faustian Bid for World Dominance, Verso, 1999

Angela Hubler
Professeure en études genre, Université du Kansas, militante engagée dans la campagne pour des salaires permettant de vivre décemment

Isabelle Richet
Université Paris X, auteure de Les dégâts du libéralisme. Etats-Unis, une société de marché, Textuel, 2002

 

Migrations: enjeux et perspectives

15 et 16 avril 2003

Programme

Migrations, travail et mondialisation
Andrea de Bonis
Docteur à l’université de Venise

Migrations et Sans-papiers
Lionel Roche
Secrétaire permanent du Centre de Contact Suisses-Immigrés/SOS Racisme Fribourg
Membre du collectif de soutien aux sans-papiers de Fribourg et de la coordination nationale

La conférence sera suivie de Témoignages de Sans-Papiers

Guerres, dominations et migrations
Charles-André Udry
Economiste, rédacteur de la revue A l’encontre

 

L’ACTUALITÉ DE L’IMPÉRIALISME AU DÉBUT DU XXIème SIÈCLE

Les 30 avril et 1er mai 2002
Grange de Dorigny, UNIL, Lausanne

Sujet

Dans le contexte des conquêtes coloniales du XIX siècle, les premiers usages du terme impérialisme exaltaient la grandeur de la nation britannique et de sa mission civilisatrice. Hobson fut le premier à dénoncer cette mystification et a établir une relation directe entre le fonctionnement du système économique et l’impérialisme.

Mais ce sont les auteurs du mouvement ouvrier du début du XX siècle, en particulier Lénine, Boukharine et Rosa Luxemburg, qui ont développé une critique radicale de l’impérialisme, en dénonçant l’exploitation des pays du sud. La théorie de ces marxistes sur l’impérialisme ne se limite pas au rapports nord-sud mais constitue une analyse plus globale du développement du capitalisme. Pour ces auteurs, l’impérialisme est étroitement lié au développement du capitalisme, il répond à des besoins du système – notamment en termes d’approvisionnement en matières premières et en main d’oeuvre bon marché – mais surtout à la nécessité permanente de trouver des nouveaux débouchés pour les marchandises et pour les investissements.

A ce moment s’ouvre un débat au sein du mouvement ouvrier : le capitalisme peut-il se développer indéfiniment sur la seule base du marché interne ou a-t-il besoin de mener une politique impérialiste pour accumuler le capital ? Ce n’est pas le seul débat que la question de l’impérialisme suscite: l’allemand Kautsky développe l’idée, fortement combattue par Lénine et Luxemburg, que les ententes capitalistes qui sont entrain de se développer permettront au capitalisme d’avoir une gestion pacifique du monde et dépasser un certains nombre de contradictions du système. Or l’histoire de ce siècle a montré que ces ententes n’ont pas mis un terme aux rivalités inter-impérialistes. Toutefois cette question reprend de l?actualité, dans un contexte où les puissances capitalistes, sous l’hégémonie américaine, semblent privilégier des accords internationaux.

La loi du développement inégale et combiné de Trotsky constitue un autre apport important à l’analyse de l’impérialisme. Selon cette loi, le capitalisme tend à s’étendre au monde entier, mais ne le fait pas de manière linéaire et harmonieuse. On aboutit plutôt dans les pays économiquement retardataires à un développement accéléré de certains secteurs, cohabitant avec d?autres laissés à l’abandon et le maintient de structures socialement et politiquement archaïques.

Plusieurs auteurs ont contribué par la suite à développer et actualiser l’analyse du capitalisme. Après la Deuxième guerre mondiale, et particulièrement pendant les années ’60 – ’70, les auteurs de la théorie de la dépendance renouent avec le concept d’impérialisme. Il s’agit avant tout d’une vision critique du processus de décolonisation, qui dénonce la persistance de la domination et de la dépendance des pays de la périphérie. Les théoriciens de la dépendance montrent que, loin de diminuer, la dépendance et le sous-développement continuent à augmenter.

Enfin plusieurs contributions plus récentes ont permis d’actualiser la théorie de l’impérialisme. Ces auteurs, qui se réfèrent souvent au textes marxistes classiques, montrent les constantes mais aussi l’évolution et les différentes phases du capitalisme jusqu’à l’heure de la mondialisation.

Programme

Mardi 30 avril

9h00-10h30: Impérialismes en Amérique Latine. par Claudio Katz.

10h45-12h15: Résistances : le cas de la lutte des paysans sans terre au Brésil. par Irma Brunetto.

14h30-16h00: Philippines: nouveau front de l’impérialisme américain. par Eva Olaer Ferraren.

Mercredi 1er mai

9h00-10h30: La mondialisation armée. par Paolo Gilardi.

10h45-12h15: Un nouvel impérialisme à l’aube du 21ème siècle? par François Chesnais.

13h30-16h00: Table ronde : les enjeux de la révolte du peuple argentin. avec Claudio Katz, François Chesnais, Charles-André Udry

Conférenciers

Claudio Katz:

Prof. d’économie à l’université de Buenos Aires, Argentine.

Irma Brunetto:

Militante du Mouvement des Sans Terre, Brésil

Eva Olaer Ferraren:

Militante d’une ONG, île de Mindanao, Philippines.

Paolo Gilardi:

Militant du GSsA et du Mouvement pour le socialisme.

François Chesnais:

Economiste, membre du conseil scientifique d’ATTAC, Paris.

Charles-André Udry.:

Rédacteur-en-chef de la revue A l’encontre.

 

La formation entre reproduction des inégalités et progrès social ?

Les 28 et 29 mars 2001

Dossier de textes:
Un dossier de textes est disponible au prix (des photocopies) de 5.-
Vous pouvez le demander en écrivant à grc@unil.ch

Sujet

En Europe le débat sur l’école fleurit. La droite néo-libérale véhicule une idée: l’école est en crise car il y a trop d’école, trop longtemps, pour tous. De cet a priori, elle fait découler divers projets de réformes. Le défi qui s’impose aux enseignant(e)s ne partageant pas ces options est sérieux. En effet, comment peut-on poursuivre, simultanément, un accès massif à l’éducation et à la maîtrise de savoirs indispensables? La définition d’une réforme de l’école, faisant échec aux contre-réformes qui ne disent pas toujours leur nom, exige l’examen des diverses fonctions de l’école. En les précisant et en définissant leur hiérarchie comme leur articulation, la logique des divers projets discutée peut être mieux appréhendée.

Programme

Mercredi 28 mars

10h00 : La situation des femmes dans le systèmes éducatifs par Marcelle Stroobants.

13h30 : La crise actuelle de l’école et sa refondation nécessaire par Samuel Joshua.

16h00 : Table ronde avec Cilette Cretton, Samuel Joshua et Charles Heimberg. Thème : La sélection scolaire.

Jeudi 29 Mars

10h00 : L’école sous la coupe des marchands par Nico Hirtt.

13h30 : L’école à l’heure du new public management. Quels enjeux ? par Thomas Ragni. Annulé.

 

Conférenciers

Cilette Cretton :

Rédactrice de «L’Educateur ».

Charles Heimberg :

Enseignant, SSP-Genève.

Nico Hirtt :

Animateur, en Belgique, de l’association «Appel pour une école démocratique », auteur de L’Ecole sacrifiée (EPO, 1996) et de Tableau Noir (avec

Gérard de Selys, EPO, 1998) et Les nouveaux maîtres de l’Ecole, L’enseignement européen sous la coupe des marchés.

Samuel Joshua :

Professeur en sciences de l’éducation à l’Université d’Aix-Marseille.S Il a publié en 1999 l’Ecole entre crise et refondation.

Thomas Ragni :

Animateurs du groupe enseignants du Syndicat des Services Publics, Zürich.

Marcelle Stroobants :

Professeur de sociologie du travail à l’Université Libre de Bruxelles, auteur de Savoir-faire et compétences au travail, Une sociologie de la fabrication des aptitudes, Bruxelles, éditions de L’Université de Bruxelles, Collection  » Sociologie du travail et des organisations « , Bruxelles, 1993.

 

Les femmes à l’heure de la mondialisation: ou l’actualité des luttes féministes

3 et 4 mai 2000
Université de Lausanne – BFSH2

Sujet

Pourquoi un colloque sur l’actualité des luttes féministes?

A l’aube du IIIème millénaire, des inégalités entre femmes et hommes persistent à tous les niveaux de la société. Dans le monde, 70% des femmes et des enfants vivent encore dans la pauvreté absolue. Bien que les femmes fournissent deux tiers du nombre total d’heures de travail, elles ne gagnent qu’un dixième du revenu mondial. En Europe, les discriminations sont nombreuses , notamment sur le plan salarial, où les écarts de revenu entre femmes et hommes atteignent, dans certains cas, 25 à 30%. En Suisse, sur cinq employé-e-s touchant un salaire de moins de 2110 fr.s, quatre sont des femmes. Les femmes sont, en outre, les plus fortement touchées par la politique de précarisation et de flexibilisation du travail, ainsi que par le démantèlement des prestations sociales. De plus, l’éducation des enfants et les tâches domestiques sont encore essentiellement assumées par les femmes, ce qui les contraint très souvent à une double journée de travail. Ajoutons à cela qu’en Suisse, nous sommes toujours dans l’attente d’une assurance-maternité.

Les discriminations à l’égard des femmes continuent de faire des ravages partout dans le monde. Cela, malgré les acquis – de plus en plus précaires – qui avaient été obtenus, en particulier dans les pays occidentaux, au cours des dernières décennies. La persistance de ces inégalités, voire leur aggravation, contribue directement à la concentration et l’accumulation des richesses au profit d’une mince couche de puissants adeptes des vertus du « libre marché ».

Pour affirmer la détermination de millions de femmes à s’engager, une marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence a débuté le 8 mars 2000, journée internationale des femmes. Ainsi, en Suisse, plus de quatre mille manifestantes se sont rendues à Genève pour le début de cette marche. Elles ont ainsi indiqué clairement leur volonté de faire de cette marche un moment de lutte important contre la pauvreté et la violence faites aux femmes. La marche se déroulera jusqu’au 17 octobre 2000, journée internationale contre la pauvreté. Cette initiative a vu le jour au sein de la Fédération des Femmes du Québec à l’issue d’une marche nationale contre la pauvreté des femmes, en 1995. Cette campagne a connu un réel succès. « 2000 bonnes raisons de marcher… » tel est le slogan qui lie les 2600 organisations de 135 pays qui ont adhéré à ce jour à la Marche mondiale des femmes. Des rencontres internationales ont permis l’élaboration d’une plate-forme internationale traduisant les besoins les plus urgents des femmes. Cette marche est une occasion de revendiquer une société réellement démocratique basée sur le respect de la dignité de chacun-e, ainsi que sur la satisfaction de tous les besoins sociaux.

Le Groupe Regards Critiques a décidé d’adhérer à cette initiative et de la soutenir activement. C’est dans ce cadre que nous organisons les 3 et 4 mai prochain, un colloque sur la situation des femmes dans différents domaines et sur l’actualité des luttes féministes. Par le biais de ce colloque, nous aimerions contribuer à la reconstruction d’une mémoire historique collective des luttes et des acquis obtenus par les mouvements de femmes, mieux comprendre les dynamiques régissant l’évolution de la situation des femmes dans différents domaines et partager des expériences de résistance et d’élaborations riches et diverses, qui permettent aux femmes de se réapproprier leur vie et leur avenir. Une table ronde autour du thème « Quels engagements féministes aujourd’hui? » sera organisée à la fin de ce colloque. Elle constituera un espace pour débattre des terrains et des formes d’engagements féministes qui nous semblent les plus importants pour la période à venir.

Programme

MERCREDI 3 MAI 2000: SALLE 2044

L’histoire des femmes: entre travail et famille

9H . Présentation de la Marche mondiale des femmes

9H30 . Histoire des femmes et de leurs luttes au XXème siècle

Lidia Cirillo [enseignante, rédactrice de la revue féministe « Quaderni Viola », Italie]

14H . Famille, travail et capital: les femmes entre sphère privée et sphère publique

Annie Dussuet [maître de conférences à l’Université de Nantes, France]

16H . L’actualité de la division sexuelle du travail

Danièle Kergoat [ sociologue du travail, directrice de recherche au CNRS, France]

JEUDI 4 MAI 2000: SALLE 2120

Les effets de la mondialisation sur les femmes et leurs stratégies de résistance

9H . Evolution de la situation des femmes dans les pays de l’Est

Jacqueline Heinen [professeure de sociologie et spécialiste des pays de l’Est, France]

10H15 . Femmes et féminisme en Amérique latine

Tatau Godinho [ représentante de la direction nationale des femmes du Parti des Travailleurs (PT) et militante syndicale, Brésil]

11H30 . La Self-Employed Women Association (SEWA) ou l’organisation syndicale de femmes du secteur informel en Inde

Lalita Krishnaswami [vice-présidente de SEWA, Inde]

14H30 . Syndicalisme et luttes féministes en France

Annick Coupé [syndicaliste à SUD-PTT, France]

16H . Table ronde: Quels engagements féministes aujourd’hui?

avec Lidia Cirillo, Annick Coupé, Tatau Godinho et Lalita Krishnaswami

 

MONDIALISATION ET CRISE ÉCOLOGIQUE : Pour en finir avec la planète ?

Les 19 et 20 janvier 1999
Débats sur l’écologie, la science et le progrès. Grange de Dorigny, Lausanne

Sujet

La crise écologique contemporaine représente une nouveauté radicale dans l’histoire de l’humanité. En effet, si l’être humain a de tout temps cherché à maîtriser son environnement naturel, les modifications infligées à la biosphère depuis la révolution industrielle, et plus particulièrement depuis quelques décennies avec le développement du marché mondial, de l’industrie automobile et chimique et de l’agro-business, ont acquis un caractère à la fois global et irréversible.

Les multiples facettes de cette crise sont bien connues: réchauffement des climats terrestres dû à l’augmentation de l’effet de serre de certains composants de l’atmosphère, rétrécissement de la couche d’ozone, érosion des sols, déforestations massives, épuisement de ressources essentielles – dont l’air respirable et l’eau potable -, désastres industriels et déchets atomiques dont la gestion semble insoluble, sont autant de perturbations d’origine anthropique qui affectent des groupes sociaux immenses.

La crise écologique actuelle met à jour les contradicitons flagrantes entre un monde aux ressources naturelles limitées et la logique productiviste qui s’incarne aujourd’hui dans le capitalisme, où la centralité du profit implique la « production pour la production », la création infinie de besoins et l’expansion continue des marchés, et ceci sans prendre en compte d’autres contraintes comme l’épuisement des ressources naturelles, les effets de la production ou de la consommation sur le milieu naturel ou les incidences sociales. Cette recherche d’un profit immédiat et maximum est un obstacle à la vison à long terme d’une gestion raisonnée des ressources naturelles.

Si la prise de conscience de l’importance de cet enjeu est aujourd’hui réelle, les réponses apportées sont loin d’être satisfaisantes. Comme dans tous les autres domaines, le paradigme néo-libéral s’impose dans le débat sur l’écologie. Cette approche prétend régler les problèmes écologiques par internalisation, c’est-à dire par la prise en considération dans les coûts de production – et donc dans les prix de vente… -, des coûts des dommages infligés à l’environnement. Cette démarche aboutit à une extension des droits de propriété sur les ressources naturelles et une marchandisation de la nature, donc à une inégalité accrue dans la répartition des richesses et dans l’accès à des ressources globales limitées. La mise en place d’un marché des permis négociables accordant des droits de polluer, l’instauration d’écotaxes, ou la volonté de développer les échanges dettes/nature pour les pays du Sud en sont les concrétisations les plus en vogue actuellement.

Pour nous, la réponse à la crise écologique ne peut qu’être une réponse aux contradictions générales de nos sociétés humaines. Il s’agit de sortir d’une démarche économiciste étriquée prétendant que l’économie à ses propres règles et contraintes auxquelles la nature et l’ensemble de la société doivent impérativement s’adapter, et d’articuler la problématique écologique à une réflexion critique sur le système capitaliste et les inégalités sociales qu’il produit. Dans une telle perspective, il est également pertinent de s’interroger sur la notion même du progrès, et de poser la question du rôle que le développement scientifique et technologique doivent assumer aujourd’hui.

Programme

Mardi 19 janvier 1999 au BFSH2 :

•Introduction à la critique écologique des sociétés industrielles par José Manuel NAREDO

•Quelles réponses politiques à la crise écologique? Tour d’horizon, du néo-libéralisme à l’éco-socialisme

•L’écologisme populaire au Brésil: une lutte combinant protection de l’environnement et défense des droits sociaux par José Augusto PADUA

Mercredi 20 janvier 1999 au bâtiment de biologie :

•Critique de la notion de progrès: les enjeux d’une certaine rationalité scientifique par Michael LOWY

•Science et développement technologique: l’exigence d’une maîtrise démocratique par Samuel JOSHUA

Conférenciers

J. M. Naredo :

J. M. Naredo est économiste, directeur de la Fundación Argentaria, Madrid. Il est notamment l’auteur de La economia en evolucion, Madrid, Siglo XXI, 1987, et a publié, avec A. Valero, Desarrollo económico y deterioro ecológico, Madrid, F. Argentaria and Visor Distrib., 1998.

J. A. Padua :

J. A. Padua est historien et membre du conseil international de la revue Ecologia politica. Il est responsable de la coordination de la campagne de Greenpeace sur les forêts.

M. Löwy :

M. Löwy est sociologue. Il est directeur de recherche au C.N.R.S. et enseignant à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. Parmi d’autres ouvrages, il a publié Paysages de la vérité: introduction à une sociologie critique de la connaissance, Paris: Ed. Anthropos, 1985.

Samuel Joshua :

S. Johsua est professeur à l’Université de Provence (Aix-Marseille) et responsable du Département des Sciences de l’Education; il a notamment publié, en coll. avec Jean-Jacques Dupin, Introduction à la didactique des sciences et des mathématiques, PUF 1993, et Représentations et modélisations: le « débat scientifique » dans la classe et l’apprentissage de la physique, P. Lang 1989.

 

LE « MODÈLE AMÉRICAIN  » : Une perspective hégémonique pour la fin du millénaire ?

Mardi 12 mai 1998, salle 2106
BFSH2, Université de Lausanne

Sujet

Depuis une vingtaine d’années, prophètes et cassandres de tout bord nous annoncent périodiquement la chute puis le retour du miracle américain. Actuellement, les Etats-Unis semblent jouir d’une reprise économique et d’une stabilité politique à faire pâlir d’envie les autres pays industrialisés. Cette situation va-t-elle durer? Ce nouveau « miracle » sera-t-il à nouveau rapidement frappé d’obsolescence? Pour comprendre la réalité complexe des Etats-Unis à la fin de ce siècle, le Groupe Regards Critiques organise le mardi 12 mai une journée de conférences et de débats avec des intervenant-e-s d’Europe et des Etats-Unis. Nous vous invitons toutes et tous à y participer.

Au premier abord, tous les indicateurs économiques présentent une véritable vitrine du succès à l’américaine. Avec une croissance économique forte du produit intérieur brut (PIB) (+3.8% en 1997), un chômage bas (« à peine » 4.7% en 1997) combiné à la création de plus de 3 millions d’emplois l’an dernier, et enfin l’effacement des derniers déficits publics annoncés pour 1999 (après trois décennies de déficits), tout semble aller pour le mieux pour les Etats-Unis. Si l’on ajoute à cela une suprématie incontestée sur le plan militaire, l’offensive permanente de la culture américaine, ainsi que le poids des Etats-Unis dans les organisations économiques et financières internationales, on obtient en effet une performance présentée continuellement comme un succès incontestable, voire un modèle à suivre.

Derrière la vitrine du succès, une société écartelée

Quel est le prix de ce soit-disant succès américain? En 1998, qui sont les gagnant-e-s et les perdant-e-s de deux décennies de politiques néolibérales menées aussi bien par Reagan et Bush que par Clinton? En premier lieu, les conditions de travail et d’emplois sont en fort décalage avec l’enthousiasme de la croissance. Le taux de chômage américain reste en effet fortement sous-évalué et ne prend, par exemple, que peu en compte le sous-emploi: toute personne ayant travaillé ne serait-ce qu’un jour dans la semaine précédant l’enquète de l’office du travail est considérée comme active. Calculé selon des méthodes statistiques en cours en Europe, le taux de chômage américain s’approcherait plus des 9% un taux fort euro-compatible et non plus miraculeux. De plus, si l’on assiste actuellement à une légère hausse des revenus des salarié-e-s, cette dernière intervient après deux décennies de baisse continue et de flexibilisation extrême des rémunérations. En 1994, 95% des familles avec enfants avaient besoin de deux salaires à temps plein pour maintenir le revenu familial. Dans un pays où près d’un cinquième des salarié-e-s ne bénéficient pas d’assurance maladie (41.7 millions de personnes!) et où le salaire horaire minimum s’établit à moins de 10 francs, il ne suffit pas de travailler pour échapper à la pauvreté! Cet écartèlement des conditions de travail est renforcé par le démantèlement constant des protections sociales. Selon les héraults des contre-réformes sociales, il faut désormais faire table rase du welfare pour mettre en avant le workfare, c’est-à-dire passer de la notion de droit à une assurance sociale à celui d’une aide conditionnelle à la volonté de « remise au travail ». Déjà reprise par Tony Blair en Grande-Bretagne, cette conception trouve de plus en plus d’écho en Europe. La détérioration massive des conditions de travail et d’emploi sont d’autant plus frappantes que le taux de profit des entreprises américaines a atteint en 1994-1995 son plus haut niveau depuis 1959, année phare de la croissance d’après-guerre, et que les différences de revenu, sans parler de la fortune, ont continué à progresser durant les années 1990. Après vingt ans de dérégulation et de flexibilisation, ce sont toujours les couches aisées qui profitent de la croissance économique actuelle, alors que les revenus de la majorité de la population demeurent bloqués, voire continuent leur régression. L’adage des années Reagan selon lequel the rich get richer and the poor get poorer reste donc d’une brûlante actualité.

Déficit zéro pour 1999: mais qui va payer le prix des plans d’austérité?

En janvier de cette année, le Président Clinton a annoncé pour 1999 le premier équilibre budgétaire après trente ans de déficits, un but qui ne devait être atteint qu’en 2002. Une fois examinée de plus près, cette performance paraît moins sensationelle. A vrai dire, les chiffres « astronomiques » du déficit américain (1994: 240 milliards de $; 1996: 160 milliards…) sont trompeurs. En effet, les déficits de ces dernières années sont toujours restés inférieurs à 2% du PIB américain. Les Etats-Unis ont de ce fait scrupuleusement respecté les critères de Maastricht qui fixent une limite acceptable des déficits à 3% du PIB. Comme partout, le prétexte des caisses vides a permis la mise en place de programmes d’austérité très durs: outre les coupes dans les assurances sociales, on assiste au jeûne forcé des services publics fédéraux, à la fin des programmes de lutte contre la pauvreté, à l’abolition des mesures positives (affirmative action) en faveur des femmes et des minorités ethniques, au doublement du montant des taxes universitaires (et dans le même temps à la division par deux du montant des bourses allouées). Depuis 1992, la présidence Clinton a suivi scrupuleusement les traces de ses prédécesseurs néolibéraux. Le retour des excédents budgétaires annonce-t-il un tournant de la politique menée jusqu’à présent? Rien n’est moins sûr, puisque les nouveaux crédits proposés par Clinton dans les domaines de la formation et du social seront financés par des coupes dans d’autres postes du budget fédéral et qu’il est déjà prévu de procéder à de nouvelles exemptions fiscales. En conclusion, le renflouement des finances publiques n’arrêtera pas la déferlante anti-sociale de l’austérité, un élément qui laisse songeur alors qu’en Suisse Kaspar Villiger nous propose l’effacement des déficits de la Confédération pour 2001.

Les Etats-Unis en 1998: un horizon qui nous guette bientôt?

Comme nous pouvons le constater, la croissance des dernières années se fait sous une forme extrêmement inégalitaire et dommageable pour la grande majorité de la population. Vu l’engouement suscité en Europe et en Suisse par les expériences américaines en matière de flexibilisation du travail et de l’emploi, ou encore de réforme des assurances sociales, il est nécessaire de réfléchir et débattre ensemble des conséquences et des enjeux de ces politiques. En effet, nous estimons que le « modèle américain » n’est pas inéluctable et que comprendre les Etats-Unis d’aujourd’hui permet de se préparer aux luttes de demain.

 

Programme

•9h00-10h30 Louis MAURIN (économiste, collaborateur à Alternatives Economiques, Paris)

La redéfinition à la baisse du marché de l’emploi aux USA: chômeurs cachés et « working poors »

•11h00-12h30 Holly SKLAR (collaboratrice au mensuel Z Magazine, auteure de plusieurs livres sur l’évolution récente des USA, Boston):

Du « Welfare » au « Workfare »: les logiques du démantèlement des assurances sociales et de la mise au travail

•14h00-15h30 Chip BERLET(chercheur et militant à l’institut « Political Research Associates » de Boston, spécialiste de la droite et de l’extrême-droite américaine):

L’arsenal idéologique de la droite américaine: « classes dangereuses » et « welfare queens »

•16h00-17h30 Kees VAN DER PIJL (professeur de relations internationales à l’Université d’Amsterdam):

Impérialisme américain et organisations internationales

 

Où va le travail? Réflexions sur le salariat et les réformes de l’organisation du travail

25 mars 1998

Programme

Mateo ALALUF: « Formation et emploi en crise? » Le développement des formations professionnelles en relation avec la crise de l’emploi.

Danielle LINHART: « Flexibilité et organisation du travail ». Des contre-réformes opprimant les travailleurEs.

Pierre ROLLE: « Où va le salariat? » Réflexions sur l’évolution du salariat de la fin du XXe siècle

 

 

Vers l’Europe de Maastricht ? A quel prix? Pour quel projet de société?

22 et 23 avril 1997

Programme

Francisco LOUCA: Réflexions sur les »ondes longues » du développement socio-économique en Europe

Jesus ALBARRACIN: Dynamiques de la construction européenne depuis le début des années 1970

Peter GOWAN: Europe de l’Est: vers quelle intégration?

Alisa DEL RE: Le démantèlement de l’Etat social et ses conséquences sur les femmes

Jean-François MARQUIS: Réflexions critiques à propos de l’intégration de la Suisse à l’Europe du capital

Philippe ZARIFIAN: Alternatives au chômage et à l’exclusion

Mary FARRELL: Un bilan des privatisations néo-libérales en Angleterre

 

Actes

Les actes de ce colloque ont été publiés :

« Bienvenue en Euroland! De l’Europe de Maastricht à l’Euro, Actes du colloque organisé par le Groupe Regards Critiques à l’Université de Lausanne les 22 et 23 avril 1997, Les Annuelles 9/1998, Lausanne: Editions Antipodes (Histoire et Société contemporaine), 1998.

 

L’ENFANT EXPLOITE : Entre mondialisation de l’économie et travail des enfants

Jeudi 25 Avril 1996
Espace Rencontre ZELIG (BFSH-2)

Sujet

POURQUOI LE TRAVAIL DES ENFANTS?

Alors que l’on proclame et défend fièrement la globalisation de l’économie, le Groupe Regards Critiques se pose la question de la (ir-)rationalité du travail des enfants dans la perspective de l’économie de marché…

Une exploitation en pleine expansion

En effet, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, l’exploitation de l’enfance a pris une ampleur sans précédent. Mieux, elle domine actuellement toute une série de débats tant au sein des médias que des ONG ou de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), notamment au travers des discussions autour de la clause sociale. En effet, le travail des enfants n’a jamais été aussi important, et même largement sous estimé: l’Organisation Internationale du Travail (OIT) évalue qu’un enfant sur quatre entre 10 et 14 ans travaille dans le Tiers monde, et qu’au Brésil, ils constituent 18% de la force de travail. En outre, ils constituent 44 millions de travailleurEs en Inde, 12 millions au Nigéria, 8 millions au Pakistan, etc.

Quels enjeux?

Alors que la révolution industrielle s’est en partie développée à travers l’exploitation du travail des enfants – aujourd’hui interdit par la loi-, mais persiste informellement dans des pays comme l’Italie, les Etats-Unis, l’Espagne, le Portugal, la Grèce, etc. Comment peut-on analyser cette forme extrême d’exploitation humaine? Quelle est la rationalité d’un mode de production qui tend à engendrer de telles atrocités, et dont notre « prospérité » dépend? Comment envisager le développement des pays du Sud condamnés à jouer sur la concurrence à la baisse du coût de la force de travail, l’un de leurs seuls « avantages comparatifs » face à la mondialisation de l’économie? Confronté à l’échec de la Convention sur les droits de l’enfant, malgré sa très large ratification à l’ONU, quelles résistances est-il possible et nécessaire de mener aujourd’hui dans ce contexte?

Programme

•09:00 Bernard SCHLEMMER (Directeur du Laboratoire des Sciences de l’Homme à l’ORSTOM -Paris):

Les réalités du travail des enfants aujourd’hui

•10:30 Rosalind BOYD (Rédactrice de la Revue Travail Capital et Société; chercheure principale à l’Université Mc Gill de Montréal):

The Gender character of child labour and the implication for advocacy work

•14:00 Michel BONNET(Expert au Bureau International du Travail dans le cadre du programme IPEC – International Program for Elimination of Child Labour -Genève):

Les cas de servitude pour dette.Une enfance sans avenir

•15:30 Claude MEILLASSOUX (Anthropologue de renom, directeur de recherche au CNRS -Paris):

Les rationalisations du travail des enfants dans la perspective de la mondialisation de l’économie