A qui profite l’élargissement? Cycle de conférences sur l’élargissement de l’Union européenne aux pays d’Europe de l’Est

27 avril, 2 mai et 12 mai 2005

Programme

Mercredi 27 avril
De la chute du mur aux portes de l’UE : quel bilan?
Catherine Samary
Economiste, Maître de conférences à l’Université de Paris Dauphine, collaboratrice au Monde Diplomatique

lundi 2 mai
Les migrations Est-Ouest dans l’Europe élargie
Alain Morice
Anthropologue, chargé de recherches au CNRS, Paris

Jeudi 12 mai
Egalité des sexes en Europe centrale et orientale: entre espoirs et déconvenues
Maxime Foret
Institut des Etudes Politiques, Paris

Jeudi 19 mai
Les ambiguïtés des effets sociaux de l’adhésion de la Pologne à l’Europe
Stéphana Portet
Sociologue, Universités de Toulouse et de Varsovie

Présentation des thèmes

Les débats autour de la construction de l’UE des 25 se sont intensifiés ces derniers mois. Qu’il s’agisse des débats sur la Constitution européenne, sur le référendum de gauche contre le «paquet» fédéral libre circulation et mesures d’accompagnementou sur les accords Schengen-Dublin, la construction politique et économique de l’Union européenne et son élargissement soulèvent de nombreuses questions. Le Groupe Regards Critiques, refusant de tomber dans un «euro-idôlatrisme» et attaché à défendre le projet d’une autre Europe, sociale et démocratique, veut contribuer à travers ce cycle de conférences à alimenter ces débats.

MERCREDI 27 AVRIL: De la chute du mur aux portes de l’UE: quel bilan?

CATHERINE SAMARY

Avec la chute du système communiste à la fin des années 80, les pays de l’ex-bloc de l’Est étaient censés retrouver – ou dans certains cas découvrir – la démocratie et la prospérité économique qu’annonçait la transition à l’économie de marché. Le bilan est bien moins enthousiasmant que les promesses affichées à l’époque. Marasme économique, inégalités sociales, guerres, instabilité politique… les populations d’Europe de l’Est ont subi de nombreuses souffrances. Aujourd’hui pour une majorité de ces populations, l’adhésion de leurs pays à l’Union Européenne est à nouveau associée à l’espoir d’une amélioration de leurs niveaux de vie. Elles attendent en effet de l’UE qu’elle résorbe les inégalités et le chômage, autrement dit qu’elle soit autre chose qu’un grand marché… Quelles sont les perspectives de cette intégration? Catherine Samary illustrera les dynamiques contradictoires du passage des pays de l’Est de l’ère communiste à l’Europe élargie.

LUNDI 2 MAI : Les migrations Est-Ouest dans l’Europe élargie

ALAIN MORICE

Depuis que l’Union européenne s’est agrandie aux nouveaux Etats membres, les déclarations alarmistes sur «les risques migratoires» en provenance de l’Est se sont multipliés. Certains pays de l’UE ont limité la libre circulation des travailleurs/euses en provenance des nouveaux pays membres. Cette décision a été justifiée au nom de la protection des salarié-e-s et des chômeurs/euses de cette concurrence. Or derrière ces mesures prétendant protéger le marché du travail se cache la défense des intérêts des employeurs. Il ne s’agit en effet nullement de préserver l’emploi et les droits sociaux mais de mettre en place un système d’exportation de la force de travail et de mise en concurrence des salarié-e-s à l’échelle européenne. Ainsi la directive nommée Bolkestein – directive de l’UE sur la libéralisation des services- permettra par exemple à n’importe quelle entreprise implantée en Pologne d’envoyer ses salarié-e-s en France sans que ceux-ci/celles-ci n’acquièrent un droit de sejour et sans qu’ils/elles ne bénéficient des protections du droit au travail français. Cette forme de «délocalisation sur place» crée ainsi une catégorie de «migrants détachés» mis en concurrence avec les salarié-e-s sur le marché du travail et ouvre la voie au dumping salarial et social.

JEUDI 12 MAI: Egalité des sexes en Europe centrale et orientale: entre espoirs et déconvenues

MAXIME FOREST

Les quelques acquis en matière d’égalité hérités de la période communiste ont été balayés avec le passage à l’économie de marché. Egalité d’accès aux études et au marché du travail, services sociaux et médicaux, garde des enfants… ces avancées ont été remises en cause avec l’implosion du système communiste. Et les femmes ont constaté à une vitesse accélérée les ravages du néolibéralisme. Elles forment aujourd’hui la majorité des chômeurs, sont les premières touchées par la pauvreté et ont vu s’accroître leurs charges domestiques et éducatives dans la famille. Faut-il néanmoins se limiter à ce constat pessimiste sur la situation des femmes à l’Est? Quels sont les évolutions récentes et les potentiels de changements? L’émergence de revendications féministes ou la participation accrue des femmes à la vie sociale et politique ne sont-ils pas le signe d’un renouveau possible des rapports de genre dans ces pays ?

JEUDI 19 MAI: Les ambiguïtés des effets sociaux de l’adhésion de la Pologne à l’Europe

STEPHANE PORTET

Quel est le «prix à payer» par les Polonais-es pour l’adhésion de leur pays à l’Europe ?

Quelles sont les contraintes que la Pologne doit respecter dans le cadre de son entrée dans

l’Union Européenne ? Fermeture des frontières à l’Est ; restructuration du secteur public et industriel; ouverture des marchés aux entreprises étrangères… la liste est longue et le coût social de l’adhésion est à craindre. Pour la Pologne, l’intégration européenne s’inscrit en effet dans un sillon libéral déjà très profond qui va se trouver renforcé. Si le respect de normes européennes limitera dans certains cas l’ultra-libéralisme du gouvernement polonais, l’adhésion légitimera pourtant le choix de ce dernier d’accélérer la restructuration de son économie dans un sens encore plus libéral. A coup sûr le taux de chômage et le niveau des prestations sociales en subiront les effets. Tout cela au nom d’une Europe dont la plupart des organisations politiques n’avaient vanté que les mérites …