Un syndicat des travailleurs-euses du sexe, une Prostitution alternative à l’abolitionnisme ?

Jeudi 13 novembre 2014, 17h15Prostitution
Salle 2227, Géopolis

Avec Morgane Merteuil, secrétaire du Syndicat des travailleurs-euses du sexe STRASS (France).

Sujet à de nombreuses controverses, la lutte contre la prostitution fait débat. Plusieurs gouvernements se sont donnés comme objectif de l’abolir. A l’Assemblée nationale française, par exemple, ce projet contribue à gommer les clivages partisans et autorise des alliances allant de la droite conservatrice à la gauche radicale. En juin 2013, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, dit son ambition de faire table rase de la prostitution. De nombreux mouvements féministes adoptent également cette position considérant la prostitution comme une atteinte à la dignité de la femme.

Les lois visant l’abolition suscitent de nombreuses interrogations et critiques. Ne suppriment-elles pas le droit aux travailleuses du sexe à s’exprimer sur leur propre pratique ? Comment ces travailleuses conçoivent les enjeux entourant les velléités d’abolir ce qui fait leur source de revenu? Quels sont, à leurs yeux, les moyens de leur émancipation ? Comment vivent-elles les discours et les mesures politiques qui cherchent à leur imposer des normes qu’elles n’ont pas contribué à façonner ? Dans quelle mesure les lois abolitionnistes ne contribuent-elles pas à une stigmatisation, une précarisation et une exclusion renforcée des prostituées ? Quelle solution alternative peut porter un syndicat des travailleurs/euses du sexe ?

Morgane Merteuil est la porte-parole du Strass, jeune syndicat autogéré des travailleurs et travailleuses du sexe, créé en France en 2009. Une organisation qui défend « les droits des personnes exerçant un travail sexuel, c’est-à-dire toute forme d’activité rémunérée engageant directement la sexualité de la personne qui l’exerce  ». Le syndicat entend donc non seulement défendre les droits des prostitué.e.s et des escorts, mais aussi ceux des hôte.sse.s, des acteurs et actrices pornographiques, des opérateurs et opératrices de téléphone rose, et des masseurs et masseuses érotiques. Revendiquant l’application du droit commun pour les travailleurSEs du sexe, le Strass réclame le droit à exercer un travail sexuel en disposant d’un égal accès aux droits sociaux et économiques dont jouissent l’ensemble des travailleurs.

Vidéo
Prostitution : faut-il abolir ou réglementer ? (Geopolitis)

Articles
Morgane Merteuil et Damien Simonin, « Les travailleuses du sexe peuvent-elles penser leur émancipation ? Sur quelques effets excluants des discours abolitionnistes », Contretemps (http://www.contretemps.eu)

Morgane Merteuil, « Un tournant réactionnaire et nationaliste », Le Monde, 28 novembre 2013.

Prostitution: Vers une pénalisation des clients (Arte)

Articles académiques
Voir Actes de la recherche en sciences sociales, 2013/3 (N° 198), Genèse et logiques des politiques de prostitution en France. Accessible depuis les bases de données en ligne de l’UNIL en passant par CAIRN INFO Revue
ARSS