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Images, pensées picturales

Andrea Barciela,
La fabrique de la condescendance

Elliott Borgeaud,
Olivia Virchaux
Anabasis

Majoritairement inspiré par l’esthétique platonicienne, Anabasis est un conte philosophique figurant autant l’ascension de Diotime dans la contemplation de la beauté que les théories morales de Platon. Sur la base de la tripartition de l’âme, le protagoniste va effectuer un cheminement philosophique pour se défaire de l’emprise de la partie désirante de son âme pour atteindre la belle pensée. Cette ascension psychologique est motivée par la recherche du Beau, voire la découverte du Beau en soi. Dans une maison à trois étages, le protagoniste débute son parcours au niveau le plus bas, qui est aussi le niveau le plus sombre. Dans cette partie, il se lance impulsivement dans la satisfaction primaire de ses désirs et de ses passions, menant une vie qu’il ressent de plus en plus comme néfaste. Ses premières habitudes prennent forme dans la métaphore filée du cheval noir, métaphore venant également mettre en avant les tensions internes ressentis par le personnage entre sa volonté de découvrir la vérité et son envie de répondre à ses pulsions. Sa première victoire face au cheval noir est d’atteindre le deuxième étage, lieu où il effectue son cheminement philosophique en trois étapes. Chaque pièce représentant une étape, il va apprendre à voir et à écouter, puis il va se placer dans la juste mesure. Le troisième étage, où le Beau en soi est supposé, lui est proposé une fois sorti de la troisième pièce. Il refuse de monter, ne se considérant pas prêt pour cette découverte, signe que le cheval blanc a gagné en puissance sur le cheval noir.

L’intérêt des illustrations est de mettre en lumière le conte. Au nombre de trois, elles imagent chaque étage de la maison décrite dans le texte. L’ordre dans lequel elles s’organisent illustre la verticalité entendue par le terme « ascension », tout en conservant la direction du regard : le texte se lit de haut en bas, c’est pourquoi l’illustration inverse l’ordre du haut et du bas de l’ascension. Le premier étage est représenté par le cheval noir qui fait référence au mythe de l’attelage ailé décrit dans le Phèdre. Il met en exergue les habitudes basses du protagoniste, la métaphore filée du cheval noir, et l’obscurité. Le deuxième étage est représenté par le cheval blanc, il évoque la lumière et la sagesse du personnage qui apprend à voir, à écouter et qui prend part aux dialogues philosophiques. Il apprend la juste mesure, mise en avant par l’équilibre créé par la première illustration (justifiée à gauche) et la seconde (justifiée à droite). La troisième est chaotique, elle présente l’impossibilité d’atteindre le troisième étage, le Beau en soi. Le débordement du cheval blanc indique que la sagesse permet de tendre vers ce Beau, et l’incapacité de l’atteindre est représentée par les triangles « piquants » érigés autour. Le Beau en soi ne pouvant pas être illustré, il est symbolisé par le cercle qui représente la perfection, l’homogénéité, l’absence de distinction, de division, de début et de fin. Chaque illustration déborde sur la suivante pour imposer la continuité du texte et le processus induit par l’ascension. Toutes débordent hors-cadre pour présenter les bribes de vérités qu’atteint le protagoniste sans en dégager d’absolu tout en mettant en abyme notre travail : créer à partir d’une pensée philosophique en s’octroyant toutes les libertés nécessaires implique que cette pensée n’est pas présentée dans son intégralité.

Gaëtan Lobello
CollaboArtion

À qui appartient une œuvre artistique ?

La question de la possession d’une œuvre est au centre de ce projet performatif. La question de la possessivité dans le domaine des arts ne saurait se défaire de celle de la liberté. Le public est invité à effectuer des modifications à une peinture de l’artiste français Georges Papazoff. L’invitation est double : que les personnes s’interrogent sur la liberté qu’elles ont – ou des restrictions qu’elles ressentent – de modifier une œuvre artistique. Nous voulons ainsi encourager des réflexions et discussions sur des questions de prise et/ou de perte de la valeur  de l’œuvre modifiée.

Lauranne Pottier
Stigmates

Trois aquarelles montrent trois paires de mains, toutes portant des marques qui parlent de la vie de leurs porteurs et porteuses.

C’est l’impact du vécu sur les corps qui m’intéresse. Mon but avec ces images est de montrer la beauté des choses terribles, des choses banales, des choses qui arrivent. Ces mains, je n’ai pas besoin de les rendre atroces. Elles sont là, elles se montrent à vous, simplement, sans chercher à en faire des tonnes. Leur simple présence suffit déjà à vous faire comprendre l’ampleur de ce qu’elles signifient.

Montrer les stigmates, c’est montrer une histoire.

Je décèle toujours une certaine pudeur dans l’expression de la douleur chez les gens qui l’ont vécue, tandis que ceux qui ne l’ont pas connue cherchent dans les récits qu’ils en font les détails les plus ignobles, le sensationnellement macabre, sans doute pour l’expérimenter, ou la comprendre.

Sans même creuser dans l’horreur, sans chercher à heurter, je sais que vous avez déjà compris au moins une partie de ce que les porteurs et porteuses de ces mains ont vécu, je cherche votre empathie, et je crois que je l’ai déjà trouvée.

Ce travail veut apaiser, car vos mains aussi portent les traces de votre vie. Il est un peu de poésie dans ce monde de brutes, un peu de baume sur le cœur des blessés.

Colas Weber
Euthyphron et Socrate

Nietzsche incarne Socrate et le Grand Mufti de Jérusalem incarne Euthyphron.

Le tableau s’inspire de la photo qui a immortalisé la rencontre entre le mufti de Jérusalem et Hitler à Berlin le 28 novembre 1941.

Qu’est-ce que la piété ? Peut-on tuer par piété ?

Euthyphron veut faire condamner à mort son père pour impiété.

Socrate sera condamné à mort pour impiété. 

Le mufti de Jérusalem va soutenir l’extermination du peuple juif par piété…

Aux yeux des abrahamistes d’aujourd’hui, Nietzsche est impie.

De nos jours, le meurtre est encore justifié par certains croyants au nom des lois religieuses.


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Images, pensées picturales

Anabasis

par Elliott Borgeaud, 2022.

Dans un temps lointain et un horizon inconnu, une maison à trois étages gardait en son sein des individus à l’âme particulière. Ils étaient compartimentés et classés dans les niveaux en fonction de leurs habitudes et de leurs comportements. Pendant longtemps, ceux qui avaient accès à la connaissance croyaient à l’immuabilité du système, parlant alors en termes de nature, tandis que ceux qui ne l’avaient pas ne s’étaient pas posé de question. Puis, un jour, une âme perdue du premier étage prouva la possibilité de l’ascension.

Au niveau le plus bas, tout était sombre. Comme enfoui sous la terre, ou comme si une nuit perpétuelle engloutissait l’étage, les résidents n’avaient que des lampes usées et des ampoules blafardes pour marquer des points de repère le long du couloir où des dizaines de pièces s’y attachaient. Ils vagabondaient pourtant sans peine, leurs yeux habitués à la pénombre, ne pouvant prendre conscience de ce qui leur manquait puisqu’ils ne l’avaient jamais connu. Ils défilaient dans cette espace où le temps ne pouvait non plus avoir d’emprise, changeant de salle au gré de leur envie, s’attardant parfois dans l’une d’elles, sans modération, puis, lassés d’y voir et d’y vivre les mêmes choses en boucle, ils repartaient dans leur recherche frénétique d’excitation.

Parmi ces hommes et ces femmes dont leur nom importait peu – il était facile de supposer qu’ils ne les connaissaient pas eux-mêmes – un jeune homme, dont la présence à cet endroit n’avait d’autres raisons que l’ignorance, ressentait tout autant les plaisirs primitifs que ce lieu offrait que les souffrances découlant de ces plaisirs. Il répondait, tout comme les autres, aux premières pulsions de son âme. Il se jetait dans la gourmandise et la luxure dès que le moindre stimulus l’appelait à le faire. Il usait des corps comme l’on use des machines, il emplissait son être de breuvage enivrant et de nourriture maladive. Il chutait dans le sommeil excessif entre deux abus, ne songeant un seul instant que sa fatigue n’était due qu’au mauvais traitement qu’il faisait de lui-même, croyant plutôt que ce repos n’était que l’expression de la réussite d’un instant, et, une fois remis, il reprenait sa boucle infernale. Mais, contrairement à tous les autres, il eut, de manière éphémère et fugace, un éclat de doute.

Cette brève remise en question avait donné suite à une maladie d’amour. D’abord insouciant, le jeune homme s’était laissé emporter par les torrents de la passion : le furieux besoin de cet autre être l’avait poussé à le poursuivre alors qu’il aurait dû se reposer ou se nourrir, ses sentiments entravant l’accès aux signaux que lui envoyait sa chaire. Il s’était agrippé aux vêtements de l’autre lorsque celui-ci avait eu la mauvaise idée d’émettre son envie de départ, hurlant des mots que sa jalousie dictait, tempêtant des formules que son manque à venir lui murmurait, allant jusqu’à rendre son amant coupable de tous les maux. Ils se détachaient, puis se rattachaient. Les effluves régénérateurs de l’amour étaient continuellement suivis par les déchirures de l’égo insatisfait, émulation de la contrariété et de la convoitise malsaine. La durée de ces va-et-vient, de ces oui et de ces non, était incertaine. Peut-être avait-elle été courte, peut-être avait-elle été longue, cela n’avait aucune importance puisqu’il en était ressorti affaibli et meurtri comme si elle avait été centenaire. La douleur avait alors envahi le jeune homme, qui n’avait d’ailleurs pas lutté contre elle, elle l’avait noyé dans l’apathie et la noirceur. Il n’avait plus été capable de rien et la question fatidique avait jailli : « à quoi bon ? ».

Cette formule pourtant si simple, ayant de fausses allures de désespoir, avait enclenché un défilement d’interrogations, semblant vides et sans réponses, interrogations auxquelles il n’avait pas fourni autre chose que leur expression verbale, jusqu’à atteindre l’affirmation que tout était vanité autour de lui. Il n’avait pas conscience de l’enjeu qui s’était joué en lui, cela ne lui avait paru n’être que des lamentations dues à son chagrin, il n’avait pas compris qu’une partie de son âme s’était mise à vouloir braver le mal. Sommairement, mais sûrement.

Puis, le temps effectuant son travail, le chagrin d’amour s’était envolé et ses activités avaient repris leur cours. Ses bribes de réflexions ne pouvant pas être alimentées, n’ayant rien pour s’enrichir, dans ce lieu où ne régnaient que les vulgarités, il était retourné dans le vagabondage des pulsions primitives. Cet état était passé dans l’oubli, mais il ne s’était pas fait supprimer, un coin de sa psyché en gardait la trace que le jeune homme s’en aperçoive ou non.

Il avait donc repris ses habitudes depuis un temps plus ou moins long quand, furtivement et au détour d’un regard, une silhouette captiva son attention. Elle ondulait, informe, presque imperceptible, dans le fond du couloir. La pénombre des lieux et la mauvaise vue qui s’associait fatalement à cet environnement ne lui permirent pas d’en voir plus. S’il souhaitait déceler les secrets de cette lumineuse apparition, de cette vapeur d’une clarté qui lui était encore inconnue, il n’avait d’autre choix que s’approcher d’elle, de traverser le corridor dans toute sa longueur, sans s’arrêter au risque de la voir disparaître, pour aller à sa rencontre. Il la fixait, elle commençait à s’estomper. Il fit quelques pas, résolu, et se stoppa net. L’indomptable cheval, au pelage d’ébène profond, figuration de ses pulsions et de ses désirs impulsifs, venait de s’élever et d’envelopper toutes ses attentions. Des éclats de festivités s’échappaient d’une des pièces. Ce n’est qu’après avoir profité de ces réjouissances, quand les effluves retombèrent et laissèrent l’apparition revenir dans ses préoccupations, qu’il prit conscience de son erreur : elle avait disparu, plus aucune trace d’elle ne subsistait. Il y repensa plusieurs fois, avec un fond d’amertume pour ce qu’il considéra comme de la sottise de sa part, et prise la décision de vérifier régulièrement si elle n’était pas revenue. Mais elle ne revint pas, du moins pas durant le laps de temps où l’obsession d’elle envahissait notre protagoniste.

Au pic de sa passion pour un jeu quelconque, la silhouette se reforma au même endroit où elle s’était formée la première fois. Il longeait l’espace central dans l’objectif de rejoindre la pièce de ses loisirs actuels à l’instant où le phénomène se produisit. Subitement replongé dans sa fascination, qui n’était autre qu’une curiosité excessive à ce stade-là, il fonça à sa rencontre.

Les contours, gagnant en netteté, gagnaient en étrangeté. Il observait la métamorphose de sa lueur en un corps dont les caractéristiques étaient bien humaines, mais les formes la constituant n’étaient pas semblables à celles qu’il trouvait ici-bas. Sa première réaction fut le rejet, instinctif et primaire, sur le point de vociférer sa laideur, à la limite de l’étonnement face à une créature d’un autre monde – attitude simpliste et standard d’un individu se protégeant de ce qu’il lui est inconnu. Pourtant, il ne décrocha pas son regard. Il scrutait, épiait, tanguant entre l’attirance et la peur de la découverte, comme s’il voyait, lui qui ne vivait que dans l’obscurité, un être vivant pour la première fois. Chacun de ses plis de peau, chaque trait de son visage, jusqu’à la plus imperceptible ridule de bouche, chaque pliure, chaque ourlet, chaque froissure de vêtements, chaque filament de sa chevelure, chaque grain de pigment dans ses yeux, chaque épaisseur, chaque ondulation, chaque creux, tout apparaissait avec une exigeante précision, avec un soucis minutieux du détail, si bien que la surprise de l’inconnu laissât très vite la place à la sensation d’avoir été trompé durant tout ce temps, trompé car la vérité du corps ne lui apparaissait que maintenant. Il en avait touché, il en avait désiré, il en avait même aimé un, mais il n’avait jamais su qu’ils ressemblaient à ça ! Il les avait toujours cru lisses, comme de la porcelaine, mais c’était faux, l’épiderme était parsemé de creux. Il les avait toujours cru uniformes, comme un à-plat grisâtre, mais c’était faux, la chaire avait des variations dans ses tonalités. Il avait toujours cru que les cheveux étaient un pelage soyeux, mais c’était faux, certains étaient fourchus.

Soudain, quelque part dans son estomac, un hennissement naquit et l’ébranla de haut en bas, tel un torrent saccageant l’entièreté de son intérieur. Le cheval noir s’insurgea, saisi par l’effroi et la colère face à une telle vision, et remua, violenta, son esprit comme s’il était en train de lui dire « cesse, va-t’en, fuis donc cette image venant torturer ton existence ! Il n’est que laideur, derrière toi se trouve des choses plus agréables, retourne-toi et ne lui accordes plus un semblant d’intérêt ! ». Notre protagoniste chancela, et s’exécuta.

Pourtant, même si le trouble l’avait saisi et que la position choisie par le cheval noir qui dictait ses comportements lui était confortable, il ne put s’empêcher, était-ce ou non conscient, de chercher ces vérités aperçues dans les corps défilant entre ses mains. Ses doigts glissaient sur les peaux pour discerner les pores, sur les cheveux pour déceler les fourches, et son esprit embrumé se demandait par moment s’il n’avait pas eu un délire passager. Parfois il réussissait à deviner les plis de chair sur les articulations, le grain de beauté sur le bras, le bouton dans le dos… et parfois pas.

Il finit par s’informer:

-On raconte, ainsi commencèrent-ils tous, que ces fantômes sont des émanations du troisième étage. Ils ne descendent jamais jusqu’à nous, ils n’en ont pas besoin, ces êtres ont atteint un stade qui nous est inconnu et qui leur suffit pour projeter leur présence jusqu’à nous.

Intrigué, le jeune homme leur demanda :

-Qu’est-ce qu’il y a au troisième étage ?

Sur cette question, les avis étaient discordants. Pour certains, il ne s’agissait que d’une légende, le troisième étage n’existait pas, et les ombres aperçues n’étaient que les spectres d’anciens résidents. Pour d’autres, le lieu était peuplé par des incarnations de l’amour, l’idée étant qu’à chaque fois qu’un individu trouvait le point ultime de la passion alors un esprit se matérialisait là-haut. Pour d’autres encore, l’étage était le cimetière de tous ceux ayant perdu goût à la vie, un espace lugubre où les humains frappés par la dépression erraient en attendant leur mort. Punition ou récompense, réalité ou mythe, les récits étaient si éloignés les uns des autres, et les versions étaient si nombreuses, que le jeune homme avait fini par désespérer. Il dut faire le deuil d’une réponse, accepté que, ici-bas, il ne pourrait jamais comprendre ce qui se trouvait là-haut. Cela lui prit du temps, il était même allé jusqu’à laisser sa colère exploser pour que ces ignorants trainant autour de lui daignent lui fournir une explication unique et cohérente. Mais cette explication tant recherchée n’existait pas, du moins pas ici, et sa colère se retourna contre lui-même, lui qui était tout aussi ignorant que les autres. Il fallait monter, il devait monter.

Il attendit. Autant les réjouissances des diverses pièces animaient ses pulsions, autant sa curiosité, ou la frustration d’être dans l’ignorance, le placardait dans le couloir à espérer que le fantasmagore revienne. Il eut des faiblesses, cédant à quelques reprises aux appels de ces camarades, mais il les regretta vite. Si bien qu’il ne rata pas la venue de son fantôme. Il courut à sa rencontre, à l’autre bout du couloir, mais, une fois à son niveau, une peur sauvage le bloqua à l’entrée des escaliers. L’homme, quelques marches plus haut, lui dit :

-Tu n’arriveras pas à monter. Tu sais que tu ne pourras plus redescendre.  

-Qu’est-ce qu’il y a là-haut ?

-Je ne sais pas.

-Pourtant, tu en viens…

-Oui, mais cela ne veut pas dire que je sache.

-Pourquoi est-ce que je ne pourrais plus redescendre ?

-Pour pouvoir monter, il te faut te détacher de ce qu’il y a ici.

Il oscilla longtemps, entre le cheval noir assoiffé lui procurant des tremblements internes et ce corps dont la beauté avait fini par être acceptée par l’esprit de notre protagoniste. Mais même lorsqu’il écoutait le cheval noir, les passions d’ici-bas n’avaient plus le même impact, le même plaisir, qu’avant. Il repensait à ce corps que personne n’égalait et retournait vers les escaliers infranchissables.

-Tu rêves de me rejoindre, mais tu n’as aucune maîtrise de toi-même. Tu n’es que l’esclave de tes remous intérieurs.

-Comment est-ce que je dois faire ?

-Est-ce que tu t’es demandé ce qui te retenait ici ?

Il ne savait pas ce qu’il y avait en haut. Il ne savait pas ce qu’il y avait ici. Il ne savait pas ce qu’il allait perdre et il ne savait pas pourquoi il voulait le perdre. Les discours qu’il voulait élaborer pour s’expliquer auprès de son fantasmagore se soldèrent par des échecs, des vides ou des incohérences. Quant à ceux qu’il voulait s’élaborer pour lui-même, ils ne trouvèrent aucun début jusqu’à l’instant où il dut se résoudre à remplacer les discours par des questions. C’est alors que sa maladie d’amour passé lui revint à l’esprit, et que la surprise ressentie lorsque la vérité du corps s’était dévoilée le questionna, tous deux dans un entremêlement d’angoisse et d’appréhension, de peur et de doutes. Il lui fallut parcourir ce cheminement individuel, désamorcer les fuites quémandées par la part émotionnelle et impulsive de son être, pour enfin concevoir et accepter qu’il résidait dans une zone basse et lugubre et que la montée ne serait pas de tout repos. Il savait qu’une fois en haut des marches, il allait devoir abandonner le confort de la certitude.

Les tumultes de son cheval noir, causés autant par les appréhensions face à l’inconnu que par la vulnérabilité de l’étranger dans un nouvel environnement, ravagèrent sa détermination sur les premières marches d’escalier qu’il gravit. Il tint bon, et doucement une aide émotionnelle fit son apparition. Une harmonie délicate, dont l’ampleur sonore s’accroissait au fil de la montée, vint bercer ses émous dans un mouvement de vague apaisant. La beauté du rythme accapara son âme, calmant ainsi les violences de sa partie désirante, et une sérénité l’accompagna jusqu’en haut des escaliers.

Au niveau supérieur, l’obscurité rencontrait son rival. Les escaliers ne menaient pas à un long couloir sur lequel s’attachaient des espaces clos, structure à laquelle il s’attendait en raison de son vécu au niveau inférieur comme unique lieu de vie connu. Il entrait dans une vaste pièce où quelques fenêtres éparses laissaient entrer les rayons lumineux du monde extérieur. Des formes et des couleurs purent se dévoiler par fragment. Les faisceaux de lumière, instables ou joueurs, voltigeaient entre les éléments présents dans l’espace, caressant un coin de meuble avant de sauter sur un pan de mur. Mais son esprit n’eut pas le loisir de s’arrêter à la contemplation de ce jeu, la musique, source de douceur lors de sa montée, prit un virage désagréable pour ses sens. Elle avait gagné en volume, elle résonnait entre les quatre murs comme si elle était reine du lieu, et suscitait chez notre protagoniste une confusion sensorielle. Ses hauteurs, ses intervalles, ses silences et ses notes lui devinrent cacophoniques, distants, incompréhensibles. Nauséeux, il s’effondra sur une des chaises qui entouraient la table centrale. Des hommes et des femmes, sans s’attarder sur son arrivée, discouraient. Ils se posaient mutuellement des questions qu’il eut de la peine à attraper, ne discernant pas les intonations avec exactitude ou les mots s’agençant avec celui qu’il avait réussi à saisir. Il voulut les interrompre, leur demander de répéter plus fort ce qui avait été dit, mais l’homme qu’il avait suivi le stoppa.

-Entends-tu les sons graves ?

-Je ne saurai même pas les reconnaître.

-Les sons graves sont ceux qui frappent dans ta cage thoracique, tandis que les sons aigus viennent te chatouiller les oreilles. Peux-tu les entendre ?

-Je n’entends rien, ce n’est que du bruit.

-Tu n’as même pas essayé. Comment veux-tu comprendre une phrase si tu ne peux pas en discerner les sons qui la constituent ?

L’obstination de notre protagoniste fut désamorcée. En s’y penchant un peu, il n’eut pas de peine à remarquer que ce qu’il prenait pour du bruit n’était autre que des chatouillements à ses oreilles. Les sons graves étaient plus difficiles à trouver, il devait se détacher des notes les plus saillantes, en faire abstraction, pour déceler celles qui venaient battre la mesure à côté de son organe vital. Une fois que cela fut fait, il s’aperçut que les deux gammes se répondaient l’une à l’autre, autant dépendantes qu’indépendantes de l’autre, dans un équilibre qu’il réceptionna comme agréable.

-À présent, peux-tu comprendre ce qu’elle te dit ?

Notre protagoniste ne comprit pas le sens de cette question. Le fantasmagore, devenu un guide philosophique, explicita :

-La musique parle à ton corps. Certaines veulent t’emporter dans une frénésie, d’autres cherchent à t’écraser dans la douleur.

Sa chair ne réagissait ni à la frénésie ni à la douleur. Depuis qu’il accordait son entière concentration à la mélodie qui l’enveloppait, s’amusant presque à mettre le doigt sur les octaves et ses hauteurs, le tremblement avait à nouveau laissé la place à de la douceur. L’équilibre, petit à petit, s’installait. Il ne possédait pas la réponse à la question qui lui avait été posée, et octroya toute sa sincérité en faisant l’aveu de ce manquement, mais il démontra une grande motivation à connaître les subtilités de cet art. Il découvrit le violon et la chaleur de ses notes continues, le piano et la froide autorité dont il pouvait faire preuve avec ses notes brutes, les vagues sonores du hautbois et l’accablante mélancolie du violoncelle. Sensibilisé aux sons et à son langage, les discours des autres habitants de la pièce prirent une nouvelle dimension. Notre protagoniste, loin de comprendre le vocabulaire déployé, eu une approche délicate des intonations rythmant les échanges, mais cela ne lui suffisait pas. Au lieu de la frustration amère de l’ignorant, sentiment qui lui aurait dévoré l’esprit quelque temps avant, il choisit de continuer son chemin et prendre patience.

Une porte, au fond de la première salle, l’amena dans une pièce où la lumière était reine. Composé essentiellement par de hautes fenêtres, l’espace était englouti dans les rayons de soleil. Les formes et les couleurs, tout à l’heure subtiles et éphémères, prirent une consistance vivace et tapageuse. Les rouges éclataient en rafale à côté des bleus criards, le tout recouvert du voile scintillant de l’astre diurne. Les angles des meubles perçaient l’espace, les courbes créaient des vertiges. N’ayant jamais eu l’expérience visuelle du jour, notre protagoniste vécut son entrée dans la pièce comme une explosion. Il ferma les yeux, instinctivement, protégeant ses rétines de la brûlure, mais une partie de la lumière pouvait encore transpercer ses paupières. Le cheval noir voulut s’insurger, mais, endurci par son passage dans la première pièce du deuxième étage, il focalisa son esprit sur la mélodie qui parvenait toujours jusqu’à ses oreilles et prit le temps nécessaire pour calmer les remous de son âme. Une fois prêt, il entrouvrit ses yeux, dans la juste mesure pour voir autour de lui sans forcer sur les capacités de ses rétines, et découvrit alors, au milieu de ce nouvel environnement, les beaux corps. Similaires à celui dont la poursuite l’avait mené jusqu’ici, tout en étant complètement différents de ce même homme, le groupe d’individu qu’il rencontrait maintenant affichait la vérité du corps dans toute sa gamme de diversité. Sa découverte élança son esprit dans l’observation de ces individus, surpassant la douleur de la lumière, et lui permit de se détacher de son guide. Il comprit alors, face à cette contemplation, que la motivation derrière la recherche et la poursuite de son fantasmagore n’était pas le corps lui-même, mais la vérité qu’il lui avait amenée.

L’enchantement le submergea. Dans son éblouissement face à tant de nouveautés, magnétisé par toutes ces vérités que la lumière lui offrait, son attention explosa en tout sens. Elle volait dans tous les coins, propulsée du meuble en acajou à la tapisserie imprimée, parachutée de la tapisserie aux chaises en bois, éjectée des chaises à la table ronde, aspirée du bleu vers le rouge, arrachée du rouge par le jaune, dévorée par le tapis et recrachée par le lampadaire, si bien que notre protagoniste perdit toutes ses énergies en moins d’une minute. Il tomba à même le sol, prit par des vertiges, et referma ses yeux à nouveau assaillis par la douleur. Son guide s’approcha de lui et lui dit :

 -Tu ne peux pas voir la couleur et la forme en même temps. Tu ne peux pas voir le motif floral en regardant l’espace occupée par la tapisserie. Prenons, par exemple, le visage de cet homme. Vois-tu ses taches de rousseurs ?

-Oui.

-Mais as-tu vu que l’une de ces tâches est un grain de beauté ?

-Non.

Comme il avait appris à discerner les sons graves des sons aigus par l’écoute attentive, il étudia les nuances chromatiques par l’observation minutieuse. Il échoua une première fois, son esprit indiscipliné s’empressait de changer d’angle de vue. Ainsi, il rata les bordures beiges qui englobaient les arabesques de la tapisserie et fut incapable de différencier une chevelure brune d’une chevelure châtaine. À la deuxième tentative, il était plus attentif, acceptant de revenir sur ses erreurs, mais ses préférences esthétiques entravèrent la bonne réussite de son exercice : il s’attarda volontiers sur les teintes d’une peau, s’enfuit rapidement lorsqu’il fut question des teintes du bois. Sortir de l’apprentissage motivé par le plaisir pour entrer dans l’apprentissage motivé par le savoir lui demanda plusieurs tentatives. Bien que la vérité ait gagné de l’importance face à plaisir chez notre protagoniste, il dut comprendre que la répétition des exercices effectués avec soin était essentielle pour modifier les élans de l’âme. Lorsqu’il eut pris conscience de cela, qu’il se disciplina à la patience de l’analyse visuelle et qu’il se détacha d’une hiérarchie esthétique, il se mit à concevoir qu’un aspect d’ensemble n’a de valeur que par l’amalgame de détails qui le constitue. Ce n’était que par le passage minutieux sur chacun de ces détails qu’il pouvait espérer comprendre ce qu’il était en train de regarder.  

Notre protagoniste atteignit une troisième pièce. Elle n’était pas différente de la précédente, ou de la première qu’il avait traversée, seulement l’intensité de la lumière et du son ne cessait de varier sans qu’il ne sache pourquoi. D’ailleurs, il ne se le demanda pas. La capacité qu’il venait d’acquérir, et qu’il s’empressa de vouloir exercer et peaufiner, fut usé pour observer ces nouveaux corps, cette nouvelle beauté. Il s’attarda sur les détails qui les composaient, sur les différences qu’ils présentaient, prenant plaisir à étudier les nuances dorées d’une chevelure blonde ou les ombres légères d’un bras à la musculature développée. Lorsque, entre deux variations sonores, une voix s’éleva dans un grain de colère, le jeune homme prit conscience qu’il s’était fait engloutir par la rêverie en oubliant la première de ses leçons, c’est-à-dire l’écoute. Il rectifia son comportement et découvrit qu’une dispute avait cours dans cette pièce. Deux individus se chamaillaient au sujet de la lumière, deux autres au sujet de la musique.

Le nouvel arrivant fit le choix de commencer par écouter la dispute qui avait attrait à la luminosité. L’un des deux opposants considérait qu’il y en avait trop et ferma complètement les rideaux. Plus personne n’y voyait rien. Le second, agacé, lui fit remarquer son erreur et rouvrit totalement les rideaux. La lumière était aveuglante. Ces enfantillages se répétèrent en boucle, plongeant l’espace systématiquement dans la pénombre puis l’engloutissant continuellement dans la brillance. Notre protagoniste, perplexe, s’interposa :

-Si je puis me permettre… Que les rideaux soient complètement fermés ou complètement ouverts, on ne voit pas le grain de beauté !

Ils lui donnèrent raison.

La deuxième dispute était aussi enfantine que la première. L’un des deux supposait qu’il fallait mettre la musique au maximum afin de pouvoir l’entendre correctement. Mais ce qui en ressortait n’était qu’une cacophonie. Le second, lui faisant remarquer le brouhaha informe que cela provoquait, considérait qu’elle devait être mise à son minimum pour être appréciée. Mais plus personne n’entendait la musique. Notre protagoniste n’eut pas de difficulté à concevoir que le dilemme était le même que celui qui avait animé la dispute autour de la lumière, et dit aux deux chamailleurs :

– Que la musique soit au maximum ou au minimum, on n’y comprend rien à ce qui est joué.

S’ensuivirent de longs échanges dont le recensement serait un préjudice à la belle pensée qui les animait. La luminosité et le volume sonore furent vite oubliés au profit de la notion d’équilibre, du juste milieu ou de la juste mesure, dans tous les domaines où elles pouvaient s’exprimer. Des sentiments internes à l’âme, entre les violences de l’amour et les conforts de la haine, aux considérations matérielles d’une vie modérée jusqu’à la formation d’une pensée juste. Notre protagoniste, amateur dans l’échange philosophique, avait bien appris ses précédentes leçons : il demanda à ce que les propos soient répétés lorsqu’il pensait avoir mal entendu, questionna les éléments qu’il lui était inconnu, pris le temps nécessaire à l’analyse d’un détail. Son cheval noir, dressé et docile, n’avait plus eu d’autres choix que de libérer de l’espace au cheval blanc, et le protagoniste s’apprêtait, sans qu’il ne pût encore le formuler, à prendre sa position de cocher.

Il touchait à son but, du moins cela était sa première pensée en quittant la troisième pièce. Il y avait passé beaucoup plus de temps que prévu, il pouvait apercevoir le déclin du soleil depuis là où il se trouvait. Le paysage lui apparaissait à travers la fenêtre sur sa gauche. À sa droite, il retrouvait l’allure familière d’un couloir sur lequel des pièces venaient se greffer. Les portes entrouvertes laissaient échapper des bribes de conversation. En face de lui, l’escalier qui menait à ce mystérieux troisième étage. Il n’avait d’abord pas hésité, enjambé quelques marches avec l’excitation de toucher à la vérité, puis il s’était arrêté net. La vérité ? Il n’était pas prêt pour ça, qu’il s’était subitement rendu compte, il venait à peine de comprendre qu’il ne connaissait rien, comment pouvait-il avoir la prétention de se considérer apte à atteindre la vérité du troisième étage ? Il redescendit. Dès lors, il allait se vouer à l’exploration de chaque pièce du deuxième étage, approfondir chaque détail qui croisera son chemin, chercher les minuties qui ne seront pas directement arrivées à lui et peut-être qu’un jour il comprendra ce qu’est le troisième étage.

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Bilan et actualités 2021

Au semestre de printemps 2021, plusieurs travaux d’étudiantxes de l’Université ont été mis en ligne sur la version virtuelle du Festival Histoire et Cité.

Dès que c’était à nouveau possible, au mois de mai 2021, nous avons organisé un atelier de théâtre du corps sur le campus de l’université donné par deux comédienxnes de l’Académie Dimitri (Tessin). Les étudiantxes qui y ont participé ont pu expérimenter cette approche théâtrale où l’inertie corporelle dans l’espace scénique se substitue au texte et devient l’instrument principal de la dramaturgie.

Durant le mois de juin, les Mystères de l’Unil — événement permettant habituellement aux écoliers et écolières vaudoisxes de venir découvrir le monde universitaire — n’a de nouveau pas pu se tenir sur le campus. Pourtant il n’était pas annulé comme en 2020, mais nous avons tiré profit de la nouvelle ouverture pour mettre en place un jeu de rôle basé sur le mythe d’Er de Platon qu’une équipe d’animation – que nous avons préalablement formée – a offert dans une dizaine de classes vaudoises. L’événement fut un tel succès que nous sommes en discussion pour pouvoir le pérenniser. Nous sommes actuellement en train de l’adapter pour les Mystères de l’Unil 2022 qui se tiendront, a priori, dans les bâtiments de l’Université.

Nous avons accompagné et soutenu la réalisation de la comédie musicale « Jehanne, Opéra de Château », co-écrite par des étudiantxes de la filière de français médiéval et des professionnels du monde du spectacle dans le cadre du séminaire « Le Moyen Âge aujourd’hui » de la Professeure Estelle Doudet (automne 2020). Le public a eu le plaisir de découvrir cette nouvelle interprétation de la Pucelle d’Orléans dans l’enceinte même du château féodal de la Cité d’Othon.

Actuellement, nous proposons un atelier de mise en scène du dialogue platonicien Euthyphron sous la direction de l’acteur et metteur en scène Giampaolo Gotti, professeur à l’Accadémia Dimitri. Les étudiantxes qui participent à cet atelier finalisent leur projet avec les étudiantxes de l’Accademia lors d’un voyage d’études pour découvrir cette institution. Les mises en scènes finales seront présentées lors du colloque scientifique international « Le rire de Platon » qui se tiendra à Verscio les vendredi 17 et samedi 18 décembre 2021 ainsi qu’au mois de mai 2022 dans le contexte du festival Fécule de l’Unil et de l’EPFL et de l’événement national PhiloExpo22. Ce projet nous a permis d’entrer en collaboration avec la troupe de théâtre universitaire TALMA qui a pour particularité de proposer des traductions et mises en scènes novatrices d’œuvres de la Grèce antique. Cette année, des étudiantxes interprèteront le Socrate d’Aristophane dans le Cabaret Socrate et joueront dans la pièce Comic Circus!, les deux présentées également au semestre de printemps 2022.

Le support donné aux étudianxtes qui préparent des vidéos dans le séminaire sur la régulation de la mondialisation en Sciences Sociales et Politiques est également renouvelé et approfondi.

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Festival Histoire et Cité

Voyages imaginaires

Voyages imaginaires présente quatre mises en images de voyages, itinéraires ou parcours vécus, soient-elles imaginaires ou réelles.

Andrea Barciela condense son itinéraire de formation scolaire et universitaire dans un tableau complexe. Il nous invite à traverser avec lui le premier chapitre de ce long voyage dans une vidéo annexe.

Colas Weber s’intéresse à l’au-delà fantasmé dans le mythe d’Er présenté par Platon dans sa République, univers qu’il met en images en plus de réaliser une oeuvre vidéo reflétant les questionnements personnels que ce mythe lui inspire.

Iris Dwir-Goldberg nous présente deux séries de gravures, la première également inspirée du mythe d’Er de Platon et la deuxième évoquant le voyage céleste présenté par Empédocle qui y découvre la composition du cosmos.

Orlane Volckaert, quant à elle, nous invite à une excursion dans son intimité par des pastels rouges tirés de ses carnets de voyage.

La soirée événementielle, originairement prévue dans la salle d’exposition et dans les alentours du Palais de Rumine, aura lieu sur Zoom dans la soirée du jeudi 25 mars.

19h – 20h | Lecture du Mythe d’Er

Durant la première heure, le public est invité à se laisser emmener dans des « Voyages imaginaires » avec des récits de Platon et d’autres auteurs antiques. Dans le mythe d’Er, Platon nous parle de nos âmes et de leurs transmigrations. Le philosophe nous propose un au-delà fait de prairie et de lumière, orchestré par des divinités et une impressionnante machine céleste composée de huit anneaux, dont les mouvements sont accompagnés par des chants de moires.

https://unil.zoom.us/j/91860165160

20h – 22h | Banquet virtuel

La deuxième partie, interactive et restreinte à un public de 16 personnes, prendra la forme d’un Banquet antique en toute virtualité. Chaque participante et participant sera invité·e à prendre parole et lancer une discussion sur la thématique qui lui importe, inspirée par l’exposition et la présentation antécédente.

https://unil.zoom.us/j/91843711224

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Il n’en reste plus aucun

Une adaptation de la pièce d’Agatha Christie

La Pièce
Dix inconnus s’apprêtent à rejoindre la mystérieuse île du soldat, isolée du monde. Ils ne se sont jamais vus et seul les relient M. Onyme, mystérieux hôte qu’aucun d’eux ne connait. Qui est-il et pourquoi les avoir invités ? Lorsque les morts se multiplient, ils n’auront pas d’autre choix que de s’unir pour tenter d’échapper au sort qui semble les attendre. Portée par les mots d’Agatha Christie cette pièce explore cette peur qui fait ressurgir le plus profond de nos instincts de survie. Ne faire confiance à personne, se méfier de tout le monde.

Adaptation : Léo Barras, Théo Krebs & Morgane Perrin

Distribution : Léo Barras, William Bayiha, Antoine Fritz, Orane Gigon, Sarah Guerraoui, Théo Krebs, Amélie Perrin, Morgane Perrin, Eloisa Rios, Lola Sinopoli, Grégory Thonney

Difficultés liées à la pandémie de COVID-19

Alors qu’Il n’en reste plus aucun devait voir sa première représentation se dérouler lors du fécule 2020, en avril dernier, la première vague de Covid-19 a conduit au premier confinement, contraignant l’arrêt temporaire du projet. Si par la suite l’évolution de la situation sanitaire nous a permis de programmer une nouvelle date dans le cadre du festival fécule en décembre, nous avons dû prendre la décision d’annuler une nouvelle fois notre représentation. Cette décision fut très difficile à prendre, mais nous paraissait la plus raisonnable, car nous ne voulions pas risquer la santé de nos comédiens et de leurs proches en continuant à répéter en groupe de onze sans être certains de respecter les mesures de distanciation sociale.

Il n’en reste plus aucun est donc un projet qui aura connu de nombreux rebondissements, nous faisant passer de la joie à la déception et nous interdisant toute certitude. Préparer une pièce dans le contexte d’une pandémie demandait de faire preuve de patience et de se montrer aussi souple que nécessaire. Il a fallu trouver des solutions, trouver un moyen de répéter alors que nous n’avions plus accès aux salles du campus de l’UNIL, garder la motivation de notre troupe sans pouvoir leur garantir que nos efforts finiraient par être récompensés, tout en essayant de trouver de nouvelles solutions. Heureusement, nous avons été très bien encadrés durant cette année de travail, que ce soit par Les Maîtres de la Caverne, Michel Toman ou encore Jonas Guyot qui nous ont tous apporté une grande aide. Tous nous ont permis de continuer à monter ce projet et à trouver des alternatives qui nous permettent de faire aboutir notre travail. Pour l’heure, si nous ne savons toujours pas s’il sera un jour possible de jouer notre pièce sur les planches, un projet de fiction audio nous a été proposé par l’association Fréquence Banane, nous offrant ainsi la possibilité de parvenir à un résultat, même s’il n’est pas celui auquel nous pension l’année dernière lorsque nous avons commencé notre travail de mise en scène.