Artiste : Vanessa Udriot
Commissariat : Dorina Mazreku
Le Cabanon a le plaisir de vous inviter à sa nouvelle exposition OYENDAU, proposée par l’artiste Vanessa Udriot. Commissariat par Dorina Mazreku.
Le travail de Vanessa Udriot est une célébration de la mémoire. Entre photographie, collage numérique et sculpture, l’artiste explore les médiums des arts visuels, afin de matérialiser ce qui est de l’ordre de l’esprit : les souvenirs, l’oubli, et l’imaginaire culturel. Cet intérêt découle des enjeux identitaires qui traversent actuellement l’Uruguay, pays dont sa mère est originaire. La question concerne la ré-émergence du peuple autochtone Charrúa sur le territoire, alors que l’histoire nationale officielle affirme son extinction. En effet, au XIXe siècle, les colons venus d’Europe ont dirigé plusieurs campagnes d’exterminations envers la population Charrúa, dont la dernière a eu lieu en 1835 au bord des rives du ruisseau Salsipuedes (traduit par sors si tu peux). Ces massacres n’auraient laissé aucun survivant, marquant ainsi un génocide total.
Pourtant, depuis 1985, des groupes revendiquant une descendance et une identité Charrúa ont émergé réécrivant, dès lors, le discours historique. Ces voix se sont libérées avec l’instauration de la démocratie, après une période de 12 ans de dictature, durant laquelle l’État a occulté l’existence des derniers autochtones. Aujourd’hui encore, la culture uruguayenne conserve la mémoire des Charrúas sous une forme idéalisée comme symbole de bravoure et de courage, leur existence étant presque reléguée au rang de légende, comme symbole de bravoure et de courage, leur existence étant presque reléguée au rang de légende. Les activistes autochtones luttent alors activement pour leur reconnaissance officielle, que l’état et la majorité du peuple uruguayen persistent à nier.
Vanessa Udriot explore alors la quête identitaire et commémorative des indigènes : elle cherche à comprendre ce que signifie être charrúa aujourd’hui, sans manquer de restituer son discours dans le contexte socio-historique de son pays. De quelle manière peut-on construire une identité nouvelle mais authentique, qui ne soit pas une simple récupération des codes culturels des « Indien·ne·s » du XIXe siècle ? Comment s’émanciper des normes et des traditions issues d’une histoire coloniale, que la ré-émergence de la mémoire Charrúa force à questionner ? Enfin, la création artistique peut-elle venir au secours d’une culture anéantie par un génocide ?
En s’immergeant dans la culture uruguayenne pendant 6 semaines, Vanessa Udriot a développé son projet d’exposition Oyendau, signifiant mémoire en langue charrúa. Ses créations nous invitent à retourner sur les traces des indigènes, à restituer des bribes de souvenirs et à explorer une culture occultée par l’État uruguayen. L’artiste offre un parcours entre des voiles matérialisant la mémoire, des représentations d’objets autochtones sensibles et spirituels, et des poèmes nés des derniers mots Charrúa parvenus à nos jours. Cette exposition nous incite donc à questionner ce que signifie « être soi » lorsque son bagage culturel possède un héritage historique et social invisibilisé.
D’origine suisse et uruguayenne, Vanessa Udriot est diplômée de Master en Art visuels à l’École Cantonale d’Art de Lausanne (ECAL). Son travail démontre un intérêt porté aux représentations et perceptions des espaces, et des matérialités qui nous entourent, sans aucun doute un héritage de sa formation préalable en architecture à la HEIA de Fribourg.
Avec plusieurs expositions à son actif, Vanessa a récemment été invitée par le Manoir de Martigny à l’occasion de l’exposition GPS OFF – la Montée aux Drapeaux, « Tinctoria » (Martigny, 2022), ainsi que réalisé une sculpture « 4 étapes » pour l’exposition Espace d’une sculpture de Visarte Vaud (Lausanne, 2022-23). Elle a également participé à l’exposition collective Space Invasion à la galerie Fabienne Levy (Lausanne, 2021)
5 avril 18:00 – 23.00 Vernissage
Introduction, discours et écoute de Chants Charrùa, suivi d’un apéritif composé de plats traditionnels uruguayens.
25 avril 17:30 – 19.00 Visite guidée et concert déambulant
Avec la présence de Dorina Mazreku, commissaire d’exposition, et l’artiste Vanessa Udriot,
Visite suivie d’une performance de l’ensemble vocal Evohé dans le cadre du festival Fécule (Festival des Cultures Universitaires), ainsi que d’un apéritif.
11 mai 18:30 – 21.00 Table ronde
La Table ronde du 11 mai a pour sujet les histoires subalternes – voix des personnes rejetées hors du système de représentation dominant – et les rapports de domination que ces témoignages dénoncent. Plus précisément, elle remet en question l’écoute qui est accordée aux minorités, et notamment aux femmes du tiers-monde qui sont particulièrement touchées par cette exclusion. Plusieurs questions seront abordées au cours de cette discussion : les sujets opprimés peuvent-ils s’exprimer sans obstacle, et rendre pleinement compte de leur condition ? Comment réussir à porter le témoignage ? Comment, historiquement, la voix des minorités oppressées a-t-elle été recueillie dans les pays occidentaux, plus particulièrement à travers la littérature et les arts ? Ce débat sera conduit par :
Mathilde Zbaeren Assistante diplômée à l’Université de Lausanne, Mathilde Zbaeren centre sa recherche sur les domaines de la littérature contemporaine, de l’étude de genre et, dernièrement, se concentre plus spécifiquement sur la thématique du témoignage.
Andrea Olivera Docteure en anthropologie, Andrea Olivera construit sa recherche autour des notions d’autochtonie, de mémoire et de pratiques communautaires. A l’occasion de sa thèse, elle s’est plus précisément intéressée à l’émergence de l’identité autochtone Charrùa dans la période de l’après dictature uruguayenne.
Yann Gross À travers la photographie, l’installation et la vidéo, Yann Gross explore, souvent de manière décalée, la manière dont l’homme façonne son environnement et développe un sentiment d’identité. Ses images traitent régulièrement de la construction de l’imaginaire et d’un certain désir d’évasion. Son travail est exposé dans le monde entier et publié dans des magazines tels que Aperture, Colors, Frieze, The National Geographic, The New York Times Magazine, The Sunday Times Magazine, Die Zeit Magazine & Das Magazin parmi beaucoup d’autres.
17 mai 18.30-20.00 Projection documentaire
En partenariat avec l’association Ciné-Club, le Cabanon propose de venir profiter de la projection de « El paìs sin indios » : un film documentaire qui retrace l’histoire de Roberto et Mónica, deux descendants Charrúas, cherchant à revendiquer leurs racines dans une société qui choisit de nier une partie de son passé. Dans ce documentaire Nicolás Soto et Leonardo Rodriguez mettent en lumière le combat des autochtones Charrúas, leur quête d’une identité propre et la lutte actuelle pour leur reconnaissance officielle dans une société́ qui renie leurs origines.
Projection suivie d’un apéritif.
24 mai 15:15 – 16h30 Visite Guidée et Rencontre
Le Cabanon vous invite à une rencontre dans les murs de l’exposition entre historien de l’art et gymnasiens.ennes. Nous aurons l’occasion de découvrir l’exposition, de réfléchir aux opportunités qu’offrent l’Université de Lausanne et la Section d’Histoire de l’Art aux étudiants.x.es et échanger sur le métier d’historien.ne de l’art. Évènement libre et ouvert à tous.x.tes.
5 juillet Finissage
Une carte blanche a été octroyée à Mathilde Rietsch pour le graphisme de l’affiche et des autres supports visuels.
Avec le soutien de La Grange, la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne ainsi que de Fédération des associations d’étudiant.e.x.s (FAE).