Espace(s) Féminin(s): Jennifer Morris, Elodie Pong (04.10 – 24.12.2010)

Artistes : Espace(s) Féminin(s): Jennifer Morris, Elodie Pong
Commissariat : Ana Catarino & Lopes Melissa Rérat

L’exposition Espace(s) féminin(s) : Jen Morris, Elodie Pong propose une rencontre entre deux artistes, entre deux médiums, entre différents espaces et entre plusieurs corps. L’art vidéo et la photographie de ces deux artistes y questionnent entre autres la représentation du corps face aux stéréotypes féminins et aux symboles construits par la culture de masse. Les images qui en résultent oscillent entre le registre du spectaculaire et celui de l’intime, jouant des attributs et des matières qui suscitent l’attirance ou la répulsion.

Projetée à l’intérieur du Cabanon fermé à clé, la vidéo de Jen Morris Cheese Louise (2008) oblige le spectateur à s’approcher des fenêtres pour mieux voir les images. L’impossibilité d’entrer dans l’espace de projection le pousse à adopter une position voyeuriste, ce qui fait écho aux dimensions crues et érotiques, voire pornographiques, du film. Ce dernier montre une étrangère, une immigrée qui tente de s’intégrer en Suisse. La xénophobie à laquelle elle se heurte la pousse à se réfugier dans l’espace confiné de son appartement et dans l’espace intime de son propre plaisir pour s’approprier physiquement le symbole national suisse par excellence, la fondue. Sur les murs en béton, deux séries photographiques liées à cette vidéo réitèrent la question de l’emprisonnement et de l’intégration culturelle : le pourtour blanc des dix photographies noir blanc de Cheese Louise (2008) enferme la jeune femme dans un espace hostile, tandis que les coulées blanches du tryptique Cheesus and the Driblets (2010), série photographique spécialement réalisée à l’occasion de l’exposition, présentent volontairement des formes ambiguës.
Dans la vidéo Murder In The Kitchen (2008) d’Elodie Pong, projetée au fond de l’espace, l’image d’une Marilyn Monroe ne renvoie pas tant à l’icône de la féminité qu’à la dénonciation d’une fiction inhérente à l’image de la femme véhiculée par la société. Alors qu’un premier regard place cette femme dans une position de désir de consommation, une observation et une écoute attentive permettent de saisir la complexité de l’œuvre. Dans un discours ironique jouant avec les mots, elle s’adresse au spectateur tout en usant d’une gestuelle de cabaret : « Murder in the kitchen ! Gigot de la clinique. Beautiful soup. Tender tart. Treasures. Bon appétit ! ». Sous le déguisement se trouve une femme qui veut s’échapper des espaces qui lui sont réservés – la cuisine, le salon de beauté – pour pouvoir évoluer dans d’autres sphères, à l’instar de Cheese Louise qui plonge en elle-même dans l’espoir de trouver un accès à l’espace public et culturel.
Alors que ces œuvres s’offrent dans une dimension exhibitionniste, la série des sept stills produite par Elodie Pong et intitulée Black Boxing (2007) invite à un regard plus nuancé. De prime abord, une impression d’opacité domine. Puis, peu à peu, des couleurs et des formes se dégagent de l’image. Elles laissent entrevoir les contours d’un visage, un nez, une joue, et témoignent des mouvements effectués par la figure d’une pièce à l’autre. Le noir recouvre tant l’arrière-plan que le personnage représenté. Son visage, son corps et par conséquent son identité, sont noircis. Est-ce une femme ou un homme ? Un enfant ou un adulte ? En masquant l’identité de la figure, l’obscurité rend possible une approche plus globale de la personne. Peu importe désormais à quel sexe elle appartient. Cet individu incarne l’être humain universel. L’espace noir dans lequel il se perd n’est-il pas comparable aux espaces féminins voilant les identités, les désirs et les spécificités de chaque femme ?

4 octobre 2010 Vernissage

25 octobre 2010 Visite guidée par les commissaires Melissa Rérat et Ana Catarino Lopes

18 novembre 2010 Performance 
Sexy Girls par Julie Gilbert, avec une intervention de Christine Chalard-Mühlemann, Frédéric Choffat, Eléonor Gilbert, Jeanne de Mont et Delphine Wuest.
En collaboration avec les Affaires culturelles Grange de Dorigny

08 décembre 2010 Visite guidée et Table Ronde
Intitulée « Femmes artistes dans l’histoire de l’art: quelle place pour leur production?« . Avec l’intervention de Elizabeth Kukorelly-Leverington, Silvia, Ricci Lempen, Melissa Rérat. Modération par Kornelia Imesch Oechslin.
En collaboration avec le Centre en Etude Genre LIEGE (CEG LIEGE)

16 décembre 2010 Conférence
par Melissa Rérat
Cette conférence a lieu dans l’auditoire 2064, Anthropole.