21 ans après la fin de la trilogie culte et 10 ans après celle du Hobbit, qui a divisé les fans, toutes deux réalisées par Peter Jackson, l’imaginaire Tolkiennien est de retour dans nos salles, en animation cette fois-ci. Que vaut ce retour en Terre du Milieu ?
Ce n’est pas la première fois que la saga est illustrée sous forme d’animation, les romans ayant déjà été adaptés en 1978 avec le procédé de la rotoscopie, où l’on dessine sur la bobine pour donner un rendu animé aux scènes filmées. Bien que l’on puisse louer le rendu et le procédé technique, le résultat final fut fort décrié. Eh bien c’est à nouveau le cas pour ce film. Avant de le descendre, voici un bref résumé de l’intrigue : Helm Mainmarteau, roi du Rohan, affronte une armée d’hommes de Dun dans une guerre provoquée à la suite de la mort du roi du pays de Dun. En parallèle, nous suivons sa fille, Héra, dans sa quête d’émancipation et d’identité.
Le principal point noir du film est l’idée qui a mené à sa réalisation : en faire un film d’animation. Ce choix mène inévitablement vers une diminution, voire une déception, de toutes les scènes se voulant épiques et grandioses, en majorité les scènes de bataille, qui se retrouvent être à mille lieues de l’épique des affrontements dans la trilogie de Peter Jackson. Pourtant, nous aurions été en droit d’en attendre davantage, le film étant dans le même univers et du même studio. Je prends en exemple la poursuite d’Héra par un Oliphant (un éléphant géant avec 4 défenses) : dans la résolution de cette poursuite, l’animal devient la proie d’un Guetteur de l’Eau (une pieuvre géante). Les frissons et la tension que l’on aurait pu ressentir en live se révèlent ici être quasiment inexistant, l’animation japonaise limitant les mouvements des deux créatures. En somme, les quelques frissons ressentis durant le visionnage sont provoqués par la musique, toujours de qualité avec quelques réorchestrations de thèmes connus, tout en en diminuant l’épique, ce qui joint l’esprit du film, qui ne se veut pas aussi épique que la trilogie. L’on pourrait croire que je me contredis avec mon propos sur les batailles, mais non. Je m’attendais à ressentir du grandiose en assistant aux batailles du film, tout en sachant qu’elles n’égaliseraient pas celle de la trilogie, bien sûr, mais pas aussi peu que ce que le film propose.
Deuxièmement, le rythme du film est très inégal. Deux heures pour raconter cette histoire, c’est disproportionné. Je prends mon ressenti comme exemple : l’on s’imagine arrivé.es à la fin du film alors qu’il reste en réalité une demi-heure au film. Ensuite, une fois le climax passé, je me suis interrogée sur la pertinence de raconter cette histoire, tout simplement. Valait-elle vraiment le coup d’être racontée et d’avoir Héra comme protagoniste ? D’autant que la narration introductive effectuée par Eowyn nous informe que le nom d’Héra ne sera pas retenu dans l’Histoire de la Terre du Milieu, donc quel est l’intérêt de se plonger sur son personnage ? Inutile de tourner autour du pot, l’intérêt est financier, comme l’est celui qui a mené à produire la série Les Anneaux de Pouvoir pour la plateforme Amazon Prime.
Cela étant dit, y a-t-il quelque chose à sauver ? Oui, il y a deux points qui méritent d’être évoqués et qui réhaussent un peu le film : les décors et le personnage de Helm. Pour le premier point, ce n’est pas surprenant, ce sont les mêmes décors que ceux vus dans Les Deux Tours, sur lesquels un filtre animation 3D a été appliqué. Concentrons-nous à présent sur Helm Mainmarteau. Si au départ, il est caractérisé par sa force, un être si fort qu’il tue accidentellement le roi de Dun d’un coup de poing après une provocation en duel, il se révèle finalement être un roi soucieux de ses proches et de son peuple, cherchant à le maintenir en vie à tout prix. Cela se voit dans son ultime acte de bravoure, affrontant les chevaliers de Dun à mains nues par une tempête de neige tout en étant malade, après avoir transmis le trône à sa fille Héra.
En somme, La Guerre des Rohirrim se révèle être, malheureusement, un film d’exploitation de licence plus qu’un film motivé par une vraie volonté artistique, au contraire de la trilogie de Peter Jackson. Si vous partagez ma passion de l’univers Tolkiennien et que vous êtes malgré tout curieusex, je ne peux vous interdire d’aller le voir. Mais je vous conseille de grandement diminuer vos attentes, afin d’éviter une potentielle déception.
Lara Feiss (11.12.2024)
Le Seigneur des Anneaux – La Guerre des Rohirrim
- Réalisation: Kenji Kamiyama
- Pays de production: États-Unis
- Genre: Animation
- Acteurices: Brian Cox, Gaia Wise, Luke Pasqualino
- Durée: 2h14