« Logan » – Critique

Après presque deux décennies dans la peau du mutant aux griffes d’adamentium, il est temps pour Hugh Jackman de dire adieu à l’univers X-Men. A la suite des deux premiers volets plus ou moins encensés par la critique et les fans, il vient clôturer la trilogie « origine » de son personnage. On retrouve le duo qu’il avait déjà formé avec James Mangold pour Le Combat de l’immortel en 2013. Mais ces adieux sont-ils dignes de l’attente et de la construction d’un des plus célèbres héros du grand écran ?

L’histoire se déroule dans un futur proche où les mutants ont disparu. Logan (alias Wolverine) est vieux et noie son désespoir dans l’alcool. Il est en charge d’un Professeur Xavier pris de démence. On comprend très vite que Logan a perdu goût à la vie, ce qui est paradoxal quand on sait qu’il est pratiquement immortel. Mais cela donne une nouvelle dimension à ce personnage. On ne se trouve pas dans un schéma « Superman » où le héros est invincible et donc complétement hors de tout danger. On a affaire à un homme qui est dans la survie. Sauver le monde n’est plus sa priorité. Ce n’est que quand une femme lui demande de sauver une fille des mains d’une organisation avide de recréer des mutations à des fins militaires que Logan doit alors sortir de sa routine pour renfiler la veste du héros.

Dès le commencement du film, on comprend très vite qu’on est face à quelque chose de bien plus sombre que tous les autres volets X-Men portés à l’écran. C’est par ailleurs le premier à être affublé de l’appellation R-Rated (interdit au moins de 17 ans aux Etats-Unis), deuxième si l’on compte Deadpool sorti l’année passée. Et cela se ressent dès la première scène qui donne un très fort aperçu du film. Effectivement on se retrouve face à un film violent et très graphique. Ce qui n’est pas déplaisant si l’on oublie les guerres-guerres de studio et considérons ce film appartenant à l’univers Marvel. Il s’agit d’un film moins lisse. Cela donne alors un nouvel élan à ce personnage (dommage qu’il ait fallu attendre le dernier volet).

Bien que le film ait des scènes d’action très importantes, il est avant tout porté par ses acteurs. Trois sortent clairement du lot. Premièrement, celui de Hugh Jackman qui arrive à se renouveler bien qu’il ait déjà campé ce personnage huit fois auparavant. Il parvient à nous montrer une autre facette de Wolverine ce qui fait de ce film une très bonne fin à ce personnage. Il y a ensuite le retour de Patrick Stewart dans la peau de Charles Xavier. Ici aussi bien qu’il s’agisse d’un personnage vue et revue, il arrive à y apporter un nouveau souffle. Il n’est plus le directeur de l’école, mais un vieil homme sénile. Pour finir, on ne peut passer à côté de l’interprétation de la jeune Dafne Keen qui joue le rôle de Laura. A seulement de 12 ans elle réussit à transmettre quelque chose de fort alors que son script ne devait comporter que quelques pages. Tout se joue dans son jeu d’acteur très mature pour son âge. Elle est sans aucun doute la grande révélation de ce film.

Finalement, une des forces de Logan est l’humour qui vient ponctuer le film. Ceci est surtout mis en place par le duo Jackman / Stewart. On sent qu’ils ont vécu beaucoup de choses tous les deux. Il s’agit d’une relation « je t’aime moi non plus » qui donne au film des scènes qui sont des plus cocasses. On ressent ce ras-le-bol qu’ils ont l’un pour l’autre. Mais aussi une très grande amitié qui permet aux deux personnages de se compléter pour un final des plus réussis.

En conclusion, Logan est certes un film de super héros et s’inscrit tout à fait dans cette veine. Néanmoins, il s’agit ici d’un des films les plus réussis du genre car il arrive à se renouveler et ne pas nous donner le même schéma qui nous inonde depuis quelques temps. De plus, il n’a pas cette construction manichéenne si chère aux films de super héros. Il se démarque alors de ses confrères de Marvel. Il arrive, en soi, à faire ce que la Warner peine tant avec son univers D.C. Comics : rendre un film intéressant, avec des personnages très bien construits. On s’identifie aux protagonistes et on se soucie de leur sort. Il est de fait une bonne entrée en matière pour toutes les personnes qui ne sont pas forcément des férus de super héros.

Simon Coderey (14/03/2017)