2023 est derrière nous, et 2024 commence fort avec de nombreuses sorties cinémas pour tous les goûts. Parmi toutes ces sorties je me suis penchée sur le nouveau film de Martin Provost : « Bonnard, Pierre et Marthe ». Avec à l’affiche Cécile de France et Vincent Macaigne, ce film biographique du peintre français Pierre Bonnard est pressenti pour figurer dans les petits papiers de la cérémonie de César 2024, dont les nominations seront annoncées à la fin du mois. Martin Provost et les biographies d’artistes peintres, c’est une grande histoire : sept Césars en 2009 avec l’adaptation sur grand écran de la vie de la Séraphine de Senlis, les seuls de toute sa carrière. Tout juste 15 ans après, il s’attaque à un autre monument de la peinture française en la personne de Pierre Bonnard – peut-être pourra-t-il obtenir une nouvelle statuette pour ce film ? Pour l’accompagner dans cette aventure il s’est entouré de deux acteur·ice·s maudit·e·s des Césars. Vincent Macaigne interprète Pierre Bonnard après deux nominations consécutives au César de meilleur acteur (sans réussite) et Cécile de France campe le rôle de Marthe, âme sœur du peintre. Cécile de France a pour sa part obtenu le César de meilleur espoir féminin et celui de meilleure actrice dans un second rôle mais jamais de César de meilleure actrice, malgré cinq nominations !
Sur le papier tout donne envie, dans les faits, que vaut ce film ?
Comme l’indique le titre du film, il ne s’agit pas d’une réelle biographie. Le film nous raconte surtout la relation entre Pierre et Marthe et l’impact de cette dernière dans la vie de Pierre Bonnard. On n’y apprend d’ailleurs rien sur la vie de Pierre Bonnard avant sa rencontre avec Marthe. Le film s’ouvre sur leur rencontre dans une scène intense où la séduction du personnage de Vincent Macaigne pue le début du XXe siècle : l’homme semble avoir tous les droits sur la femme et être maître d’elle. J’ai eu très peur que le film romantise pendant deux heures cette vision patriarcale des relations hétérosexuelles où l’homme fait ce qu’il veut de la femme, mais que nenni ! Le film nous raconte les cinquante années ( ! ) de relation de Pierre et Marthe et comment le peintre a finalement accepté d’épouser celle qu’il aimait. On y découvre ce peintre d’avant-garde, presque punk, qui cherche à s’extirper de la bourgeoisie de son milieu artistique. Sa compagne, amoureuse transie est prête à tout accepter pour vivre avec celui qu’elle aime : l’exil dans la forêt, la relation de Pierre avec Renée (Stacy Marti — nous y reviendrons), elle accepte tout en luttant contre une étrange maladie qu’aucun médecin ne sait guérir. Après de nombreux hauts et bas Pierre comprend enfin la chance qu’il a de connaître Marthe et l’épouse. Seulement, la maladie et de nombreux traumatismes ont laissé des séquelles à Marthe et le film nous offre un dernier quart d’heure très touchant où les deux amants à présents en fin de vie vivent paisiblement ensemble et où Pierre s’occupe enfin de Marthe comme elle le mérite.
La relation entre Pierre et Marthe — dont je ne connais d’ailleurs rien du tout sinon ce que j’ai découvert dans ce film — est chaotique, passionnelle et aussi belle que laide. Contrairement à beaucoup d’autres récit, celui-ci nous montre les violences et prend, il me semble, davantage le point de vue de Marthe que celui de Pierre : le point de vue d’une femme délaissée et abandonnée, torturée involontairement par un amoureux volage. La performance de Cécile de France est très bonne, elle est touchante et puissante à la fois. Son personnage est certes victime des évènements mais ne se laisse jamais tomber et est en lutte constante contre une vie qui s’acharne sur elle. Nous ne pouvons qu’être pris avec elle et la soutenir dans son combat. En face d’elle, Vincent Macaigne est comme à son habitude très touchant dans sa bêtise et son innocence. Je suis personnellement très fan de ce comédien, et donc très peu objective, mais il a une simplicité que je n’explique pas, une candeur à l’écran qui nous met en confiance et nous donne toujours envie de lui donner une seconde chance malgré les erreurs à répétitions de son personnage. Ils sont accompagnés par l’incroyable Stacy Martin que je découvre ici et qui est une énorme surprise, elle est excellente ! Une sorte de triangle amoureux se met une place où tous·te·s souffrent à un moment ou l’autre. Les trois acteur·ice·s ont d’ailleurs leur scène d’éclat : chacun·e a au minimum une grande scène de larme et de désespoir où toute la mise en scène est au service de leur performance, et ça marche !
La caméra n’a rien à envier aux acteur·ice·s. La forêt où se déroule la majorité de l’histoire est mise en avant par un cadrage simple et aéré. La construction des cadres est efficace et laisse place à la beauté des paysages, elle se met au service d’eux et ne vient pas remplir le vide par trop d’artifice ou de mouvement. Il en est de même avec les personnages ! Acteur·ice·s est technicien·ne·s sont au service du récit et des personnages et ça se ressent, et ça fait plaisir !
Comme vous pouvez le deviner mon bilan est très positif. Ce n’est peut-être pas LE film de l’année ou peut-être même du mois mais c’est un très bon film touchant où tout le monde avance dans la même direction. C’est poétique et plein d’émotion. Si vous voulez vous laisser emporter dans une histoire romantique sans vous prendre la tête en étant prêt·e à pleurer par moment : foncez. Pour ce qui est des récompenses, je prends le pari que les deux acteur·ice·s princip·aux·ales seront nominé·e·s aux Césars et je leur souhaite de l’emporter. Si je devais parier sur une récompense ce serait peut-être sur le César de la meilleure actrice pour Cécile de France, suspense. Un film que je vous le recommande pour faire un break dans vos révisions, courage à touxtes !
Jimmy Capdevilla (10.01.2024)
Bonnard Pierre et Marthe
- Réalisation: Martin Provost
- Pays de production: France
- Genre: Biographie
- acteurices: Vincent Macaigne, Cécile de France, Anouk Grinberg
- durée: 122 minutes