Si l’invention de la photographie a permis le développement d’une nouvelle manière de produire et de penser l’image, elle a également engendré de vifs débats dans le milieu artistique. Charles Baudelaire, un des plus grands poètes du 19ème siècle, disait, d’ailleurs, en parlant de la photographie, qu’elle n’était qu’une industrie dans lequel se réfugient «les peintres manqués, trop mal doués ou trop paresseux pour achever leurs études» (Charles Baudelaire, Curiosités esthétiques ; L’art romantique : et autres œuvres critiques ; IX. Salon de 1859. Lettres à M. le Directeur de la Revue Français). Considérée très vite comme un simple procédé mécanique qui fixe sur papier le réel, elle fut sans cesse rabaissée au rang de technologie pour touristes. Pourtant, malgré toutes ces critiques, elle est parvenue aujourd’hui à s’affirmer en tant que véritable art. Le projet d’Aude – Aux confins de la photographie – se veut donc être une tentative pour comprendre cette évolution et s’agencera, par ce fait, selon une double structure: d’abord, un temps théorique qui consistera à appréhender, par le biais de textes de Kandinsky, Foucault et Barthes, les raisons qui permettent de placer la photographie dans les arts libéraux, puis un temps plutôt pratique où elle essayera de dépasser les préjugés qui entourent la notion de photographie en menant cette dernière jusqu’à ses limites, c’est-à-dire vers l’abstraction. Si l’articulation entre théorie-pratique semble intuitivement difficile, elle sera, néanmoins, facilitée par la création d’un support commun, à savoir l’élaboration d’un livre d’artiste comprenant extraits de textes philosophiques, réflexions personnelles et plusieurs séries de photographies.
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