d’après J.M.Barrie
Noir dans le public, lumière sur une chambre d’enfants pour qui a été prévu un futur qui commence demain matin. Ce soir, cette vision est interrompue par l’entrée de Peter Pan, qui s’est caché sur le rebord de la fenêtre pour écouter une histoire. Sa rencontre avec Wendy est celle d’un enfant qui ne grandit pas mais change néanmoins puisqu’il vit dans le jeu à la fois enfantin et théâtral, et d’une enfant qui, grâce à ce temps qui passe et à la manière dont il la change, a la mémoire de connaître des histoires.
Au centre de la scène se joue l’instant de leur rencontre, une histoire que le public connaît peut-être déjà puisqu’on la raconte si souvent. Mais cette fois-ci le récit est accompagné, sur le côté de la scène, par un metteur en scène. Fier de la représentation, soucieux que le public comprenne sa vision de la pièce, il fait des commentaires malicieux sur les stratagèmes de séduction des enfants, s’efforçant de diriger encore un peu la pièce. Les enfants, eux, ont l’intention de vivre leur histoire sans se soucier des projets ambitieux que l’on a pour eux, et face à ce metteur en scène, ils n’ont pas dit leur dernier mot.
Note d’intention artistique
Une pièce, un enfant, une relation, des choses qu’il nous serait agréable de contrôler, pour lesquelles nous avons généralement une vision du futur, mais par rapport auxquelles il faut parfois savoir lâcher prise et accepter qu’ils changent malgré nous. Peter Pan s’avère l’exemple parfait de celui que le choix de vie empêche, même avec toute la volonté du monde, d’avoir prise même sur lui-même ou sur son ombre.
Cette année, nous tentons de prendre du recul sur notre désir de mettre une pièce en scène et de nous interroger sur nos motivations quand il en vient à l’intention artistique. Pourquoi cherchons-nous si souvent à déceler le sens profond de l’histoire, plutôt que de lui donner la place de nous enchanter, tout simplement, et de transmettre par elle-même son sens au public ?
