Mardi 28 octobre 2014, le petit coeur de la section a fait salle pleine: pas moins d’une vingtaine de personnes sont venues écouter et dialoguer avec Mme Carole Maigné, notre (bientôt) nouvelle Professeure ordinaire en philosophie générale et systématique! Professeure invitée pour le moment, Mme Maigné prendra en effet ses fonctions officielles au semestre de printemps. Mais elle remplit déjà les auditoires: venez une fois assister à l’un de ses cours sur le thème « Nature et culture, quel universel? » le mardi entre 13h15 et 15h en Anthropole 2106, et vous verrez!
Après une arrivée un peu mouvementée due au retard de son TGV, Mme Maigné a pu commencer. La première question qu’elle a soulevé a concerné l’objet de la « philosophie générale et systématique ». Mme Maigné a d’abord expliqué que le nom de la chaire n’avait pas été choisi par elle et qu’elle n’était donc pas en mesure d’expliciter les raisons de ce choix. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit pas là d’une histoire de la philosophie ni d’une étude philosophiqe centrée sur elle-même. Dans son travail, Mme Maigné s’efforce de déployer des questions larges qu’il est ensuite possible de travailler sous forme de notions. Le terme « systématique » fait référence à Kant en tant qu’articulation entre les différents domaines de savoir. Il renvoie à l’étude de la façon dont différentes questions se recoupent, et au fait de ne pas faire uniquement de l’éthique ou une étude des systèmes, mais de regarder de manière globale comment ces objets philosophiques s’articulent entre eux.
La discussion a ensuite porté sur son parcours personnel et la manière dont Mme Maigné est arrivée à son domaine d’étude actuel.
De base, Mme Maigné a fait son agrégation pour l’enseignement en France avant d’en avoir quelque peu « marre » de l’histoire de la philosophie. Elle a choisi un sujet qui sort de l’ordinaire en rédigeant sa thèse sur Johan Freidrich Herbart, puis s’est centrée sur l’influence de ce dernier sur l’empire austro-hongrois. Mme Maigné explore aujourd’hui la postérité de Herbart.
Un étudiant a alors demandé ce qu’elle envisageait comme cours à proposer au niveau Master. Apparemment, il s’agit là d’une question encore un peu « vaporeuse » : Mme Maigné n’est pas décidée de manière certaine, mais envisage un séminaire sur l’esthétique dans la photographie. Il s’agirait de s’occuper de cet objet largement ignoré en philosophie afin d’en analyser les influences culturelles ainsi que la question de la vision et de la perception. D’ailleurs, le séminaire qu’elle offrira au printemps (Bachelor deuxième partie) porte sur le même type de discussion, mais en prenant l’exemple de la couleur. Il s’agira de poser les questions philosophiques fortes de la vision et de la perception sur la base d’une approche thématique en y mêlant des éléments d’histoire de la philosophie.
Le débat a alors dévié sur les goûts en esthétique de Mme Maigné ainsi que sa définition de l’esthétique. Pour Mme Maigné, il s’agit d’un travail sur les concepts, à partir d’une œuvre, avec un besoin de discours solide et une réflexion qui articule sentiments et théorie. L’enjeu est alors de montrer qu’il y a un vrai discours esthétique sans entrer dans le dogmatisme mais en présentant plusieurs écoles.
Ceci mène à la question de savoir si l’art doit vraiment être théorisé pour être apprécié. Selon Mme Maigné, il doit l’être dans une certaine mesure, de même que la chose doit être faite en poésie ou en mathématiques. Il ne s’agit ici pas de nier l’émotion première et non théorique mais d’articuler les différentes émotions et de réfléchir à la façon dont l’expérience esthétique s’acquiert.
En résumé: une discussion riche, stimulante et intéressante! Bienvenue à Mme Carole Maigné au sein de l’UNIL!
Romain Fardel