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Dîner avec M. Jacques Duparc

Votre association a reçu le mardi 18 novembre 2014 M. Jaques Duparc, Professeur en HEC et enseignant de logique en première année. Voici un bref résumé de ses propos, pour ceux qui n’auraient pas pu être là. Bonne lecture!

Nommé par la Faculté des Sciences au départ, M. Duparc a joué de malchance puisque cette dernière venait de disparaître au moment où il est arrivé à l’UNIL. La décision de rattacher son poste à la Faculté des HEC a alors été prise rapidement. Depuis lors, les cours donnés par M. Duparc se répartissent entre l’EPFL en section de mathématique et la Faculté des Lettres, où il donne le cours de logique aux étudiants en HEC et étudiants en philosophie de première année.

Dans le passé, le poste de M. Duparc avait été créé car un Centre Romand de Logique, Histoire et Philosophie des Sciences était en projet. Le centre aurait regroupé Genève, Lausanne et Neuchâtel, avec deux professeurs de chaque université; de Lausanne, MM. Duparc et Esfeld. Cependant, quelques tensions au sein même du centre ainsi que le départ à la retraite de plusieurs membres ont poussé M. Duparc, alors président du centre, à le fermer.

La discussion s’est poursuivie par une comparaison entre les sections où M. Duparc travaille: celle de philosophie, celle de mathématiques et de HEC. La section la moins démocratique est la section de philosophie et la plus démocratique est celle de mathématique, selon M. Duparc. Ce dernier entend ici le terme « démocratique » dans le sens qu’en mathématiques, pour avoir la parole, n’importe qui lève la main et la parole est donnée dans l’ordre de ceux qui se manifestent, et non dans un ordre hiérarchique où le professeur aurait plus de temps de parole qu’un étudiant. En philosophie, il apparaîtrait que les étudiants ont plutôt tendance à se faire discrets, une cause possible étant l’utilisation de la langue vernaculaire en cours et en dehors. En effet, en mathématique, la différence est très clairement ressentie entre le langage utilisé en classe et celui utilisé en dehors des cours, ce qui n’est pas le cas en philosophie.

Aussi, une autre grande différence est la gestion des ressources financières de la section. En HEC par exemple, on n’hésite pas à faire de grandes dépenses pour des écrans télévisés assurant la promotion pour la section alors que la section de philosophie, plus modeste en moyens, discutera longuement sur une dépense dix fois plus petite.

Toujours en parlant de la section de philosophie de Lausanne, M. Duparc a ajouté qu’apparemment, il n’y existe pas officiellement de chaires. C’est une manière de parler qui ne correspond pas à la réalité; une spécificité de la section de philosophie. Tout pourrait changer, les postes étant créés et attribués à des enseignants, mais il n’est pas obligatoire qu’un poste jusqu’alors tenu par un professeur d’un certain domaine soit repris par un autre professeur du même domaine. L’idée de la recherche est justement que les choses ne soient pas figées!

Parlons maintenant du parcours de M. Duparc: celui-ci a obtenu une Maîtrise en philosophie en France et un doctorat en mathématiques. Ses objets de recherche sont le fondement des mathématiques et de l’informatique. Se définissant avant tout un mathématicien, M. Duparc mentionne tout de même avoir effectué une maîtrise sur Heidegger – qu’il définit comme « clairement anti-scientifique, en plus d’avoir pleins de défauts, comme celui d’être un nazi. ».

La question est alors posée de savoir « pourquoi de la logique en philosophie? ». M. Duparc y répond de plusieurs manières.

Premièrement, le genre de cours qu’il donne, les bases de la logique, est ce qui est enseigné dans n’importe quelle université en philosophie, en tout cas dans les plus grandes. Du coup, à l’UNIL, on se calque d’une certaine manière sur ce type d’enseignement, pour éviter d’y dévaloriser l’enseignement. De plus, les bases de la logique sont les bases mathématiques de la philosophie. Il faut avoir une certaine connaissance de ces bases pour lire beaucoup de textes (comme Aristote) car sinon, on le lit sans perspective(s). Lui donne les outils (une grosse boîte à outils!) qui nous serviront à mieux comprendre les textes et raisonnements des penseurs qu’on étudie. Son job, dit-il, n’est pas de nous guider dans l’application de la logique en philosophie : il considère que ce serait plutôt un travail à faire dans un cours d’épistémologie par exemple. En effet, répétons-le, M. Duparc est avant tout mathématicien, et non philosophe. Aussi, il ajoute qu’une maîtrise des bases de la logique est, dans beaucoup de cas, pratique pour se référer à un cadre quand on est un peu perdu dans un texte. Cela permet de synthétiser ce qu’on lit, de remettre en avant le raisonnement.

La question émerge : que pense-t-il de la philosophie aujourd’hui et quels sont ses domaines d’intérêt ? M. Duparc nous parle de philosophie de l’informatique. En effet, peu de philosophes s’en préoccupent, alors qu’on vit une révolution mondiale, et que ça pose beaucoup de questions. Il serait temps de se pencher un peu dessus !

En bref, une séance très conviviale (nous n’étions pas beaucoup) où la discussion a été aussi agréable que fluide!

M. Jacques DUPARC (Pr. au  Département des systèmes d'information en HEC).

M. Jacques DUPARC (Pr. au Département des systèmes d’information en HEC).

Romain Fardel