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Dîner avec Mme Simone Zurbuchen

Suite à notre premier article consacré à la présentation et discussion du film Altered States par Nino Fournier le 8 octobre, voici notre second, cette fois-ci sur le dîner qui s’est ensuivi le lendemain avec pour invitée Mme Simone Zurbuchen, Professeure ordinaire et titulaire de la chaire de philosophie moderne et contemporaine.

La discussion a eu lieu dans une petite salle pleine, une dizaine de personnes ayant répondu à l’appel. Un très bon moment!

Mme la Prof. Zurbuchen a tout d’abord évoqué l’aspect historique lié à son enseignement de la philosophie moderne et contemporaine. Très important, celui-ci permet de contextualiser l’approche philosophique et de lui donner ainsi une assise solide, évitant par là de fâcheuses approximations dans les travaux.

L’accent a ensuite été mis sur la question des chaires en philosophie. Mme la Professeure a évoqué le rôle et la structure historiques des chaires dans l’enseignement de la philosophie, le premier très codifié et la seconde fortement hiérachisée à l’époque. Aujourd’hui, selon Mme la Professeure, la tendance est au nivellement de la hiérachie et à une hyper-spécialisation des domaines de recherche. Hyper-spécialisation qui induit une certaine perte – voire une perte certaine – d’une vue d’ensemble des questions traitées par la recherche, rendant par là le rôle d’un professeur titulaire plus compliqué qu’auparavant, tant les chercheurs sont pointus dans leurs domaines respectifs.

Lausanne compte quatre chaires (ndlr: une de philosophie antique et médiévale, une de philosophie générale et systématique, une de philosophie moderne et contemporaine et une de philosophie des sciences). Dans ce contexte, difficile de couvrir dans l’enseignement l’ensemble de l’histoire de la philosophie. Selon Mme la Professeure, l’heure est (bien) plutôt à la recherche de collaborations.

L’accent a ensuite été mis sur la question de la philosophie moderne et contemporaine en elle-même. Un bref survol des principaux axes liés à cette dernière a ainsi été proposé par Mme la Prof. Zurbuchen. La question de l’historicicité de la discipline a une nouvelle fois été soulevée. En effet: enseigner et étudier la philosophie moderne et contemporaine, c’est s’intéresser à pas moins de cinq, voire six siècles de pensée(s)! Si le début de ce que l’on nomme couramment « philosophie moderne » peut être fixé à la Renaissance, l’aspect « contemporain » de la chose ne concerne que les 19e et 20e siècles.

Une couverture historique qui force donc à la sélectivité. Pour Mme la Prof. Zurbuchen, les questions les plus intéressantes sont celles ayant trait à la philosophie des Lumières (la philosophie morale); son sujet de thèse portait sur Samuel Pufendorf, l’un des plus éminents penseurs du droit naturel. Les questions éthiques liées à la philosophie de l’environnement et à la justice climatique en particulier, sur laquelle elle travaille de pair avec Michel Bourban, son assistant, représentent l’autre axe de ses recherches.

Mme la Prof. Zurbuchen a évoqué la recherche actuellement en cours à Lausanne en philosophie moderne et contemporaine. Non contente d’enseigner, de faire partie de diverses commissions, d’être Présidente de Section cette année et d’encadrer au quotidien ses enseignants et assistants, Mme la Professeure est en outre membre d’un projet de recherche FNS (Fonds National de la Recherche Scientifique) visant à étudier les inégalités et égalités socio-économiques du 17e siècle à la Révolution française à l’intérieur de la famille. Un gros projet qui demande beaucoup de temps et d’énergie.

D’ailleurs, à la question de savoir comment elle fait pour gérer toutes ses affaires, Mme la Professeure répond honnêtement que « ce n’est pas facile » et que l’organisation est à cet égard une qualité précieuse. Comme dans les études, en somme!

C’est donc sur un moment d’échange et de partage que s’est terminé cette sympathique rencontre entre étudiants et l’un de leurs professeurs.

Romain Fardel