Kneecap : le nouveau biopic musical à la sauce irlandaise complètement déjanté (critique) 

kneecap
©Frenetic Films AG

Le mot « Kneecap » ne vous évoque rien de familier ? C’est sans doute normal, le titre du nouveau semi-biopic musical irlandais tire son nom du trio de rappeurs irlandais éponyme admiré par Elton John et Cilian Murphy et qui vient désormais présenter son histoire sur le grand écran.  

En ce mois de juin qui annonce les premières grosses sorties de l’été au cinéma, Kneecap apporte un véritable vent de fraîcheur venu tout droit de l’ouest de Belfast, en Irlande du nord. Une nouveauté internationale inhabituelle qui se démarque du reste : rares sont les films de production irlandaise qui arrive jusqu’en Suisse. Le premier long métrage de Rich Pippiatt, encore inconnu il y’a quelques mois, a rencontré un grand succès partout dans le monde où il est déjà sorti depuis plusieurs de mois. Une réussite qui s’explique par d’innombrables qualités, à commencer par le talent indéniable de Mo Chara, Móglaí Bap et DJ Próvaí composant le groupe Kneecap et qui interprètent ici tous brillamment leur propre rôle, sans que l’on puisse se douter qu’ils sont loin d’être des acteurs professionnels. La bande, en plus de jouer les acteurs, y chante également leurs musiques, qui ont la particularité d’être écrites en gaélique-irlandais, spécificité qui constitue le propos du film : la protection des langues mineures, précisément en Irlande du nord où l’identité culturelle irlandaise est mise en péril par le gouvernement britannique.  

Pour contextualiser, Kneecap s’inscrit dans la continuité historique de l’Irlande du nord, territoire de l’île d’Irlande qui est donc rattaché au Royaume-Uni et sous l’autorité britannique. L’Irlande du nord a connu de nombreuses tensions durant les années 60 et 70, entre les communautés irlandaises-catholiques et britanniques protestantes, installées depuis quelques générations sur le nord de l’île. Le film irlandais présente une nouvelle génération incarnée par Naoise etLiam Óg qui doit désormais se trouver un nouveau combat dans un Belfast où il est plus que complexe de faire persister l’identité irlandaise. Pour ce faire, ils vont rallier à eux JJ, un professeur de musique plus âgé aux apparences réservées, qui se révèlera aussi fou que les deux jeunes voyous en les accompagnant sur scène aux platines ainsi qu’en loges dans leur cession de « bad trip ». 

Entre pseudo-biopic musical que l’on pourrait rattacher au 8 Mile d’Eminem et touches comiques bien senties avec nombre de gags ingénieusement mis en scène, Kneecap s’est construit une identité visuelle et linguistique semblant propre au groupe de musique. La bande-son délirante apporte un véritable dynamisme au film qui laisse à peine le temps de respirer au spectateur par le rythme effréné de ses raps, loin d’être déplaisants. Kneecap se résume surtout en un mot : liberté. Liberté avant tout d’une langue et d’un peuple, mais aussi dans son intrigue qui ne s’interdit rien entre drogues, sexe et violence, on ne cache rien pour raconter une autobiographie romancée dont le discours est parfaitement adapté au format du film. Les cadrages inventifs, notamment dans les scènes de délires apportent un vrai plus à ce projet, rempli de bonnes idées dans sa réalisation, comme dans son écriture.  

À découvrir dès le 18 juin dans les cinémas d’art et d’essai. 

Arno Babel (17.06.2025)


Kneecap

  • Réalisation : Rich Peppiatt
  • Pays de production : Irelande
  • Genre : Comédie
  • Acteurices: Mo Chara (II), DJ Próvai, Móglaí Bap
  • Durée : 1h45