Après un premier opus plutôt fun et surprenant où l’on apprenait que Sonic était fan de Keanu Reeves et un deuxième film où les scénaristes avaient soudainement découvert le lore de la franchise et décidé de nous le transmettre à coup de tractopelle, le troisième film arrive en salle et j’ai autant d’appréhension que d’excitation. Soyons honnête, le deuxième épisode ne donnait pas forcément envie d’en voir un troisième, si ce n’est en voyant la dernière scène nous annonçant la venue de Shadow, l’un des personnages les plus iconiques et appréciés des jeux. La hype du public a encore pris une nouvelle dimension lorsque l’on a appris que le némésis de Sonic serait incarné par son idole: Keanu Reeves. C’est uniquement pour Shadow que je me suis rendue en salle et je crois que j’en ressors surprise en bien.
Sonic 3, le film nous raconte tout simplement le réveil de Shadow après 30 ans de coma et le retour de son créateur le docteur Gerald Robotnik – grand-père d’Eggman – qui souhaitent tous deux se venger du G.U.N. – une forme de service secret international – en détruisant la planète. Shadow ressemblant à Sonic, le G.U.N. demande de l’aide à celui-ci ainsi qu’à Knuckles et Tails, l’ayant rejoint suite au deuxième film.
Un bon point de départ pour cette critique serait d’essayer de définir le genre du film. Après un premier film clairement construit comme un film d’alien à la E.T., le deuxième film commençait à entrer dans un genre à cheval entre celui du premier et le film de super-héros. Le troisième film termine la transition et est un film de super-héros comme on en connaît déjà mille. Je trouve cela un peu dommage, on tombe dans les mêmes morales et poncifs déjà vus dans tous les films de super-héros avec lesquels on est harcelé, notamment par Marvel. Ceci étant dit, c’est très réussi: le récit est efficace – MERCI d’avoir fait un film d’une heure quarante, l’histoire n’avait pas besoin de plus et c’était une des erreurs du deuxième film – et la réalisation est explosive. L’époque du trailer de Sonic 1 avec son design catastrophique est lointaine, l’image est très soignée et l’incrustation de personnage animé dans les prises de vue réelles est au point. Les fans de la franchise auront de quoi renouveler leur stock de fond d’écran avec de nombreux plans tout à fait épiques et à la composition léchée. La musique est, elle aussi, grandiose, comme on y est habitué dans ce genre de blockbuster à présent. J’imagine que c’est un film de superhéros tout public très réussi!
Cependant, le film n’a pas que des qualités. Je ne suis pas une experte dans la licence originale de SEGA, mais j’ai tout de même pu remarquer de nombreux écarts qui, malheureusement, sont fait pour faciliter les choses. Je ne comprends pas l’intérêt de reprendre une licence pour la lisser et en effacer toutes les subtilités. L’adaptation a ceci de fou qu’elle laisse aux spectateur·ice·s l’opportunité de creuser l’histoire en sortant de la salle, Sonic 3 nous limite dans cette possibilité en cherchant à expliquer toute l’histoire avec de nombreux flashbacks. Le problème n’est pas tant de vouloir rendre le récit du film autonome, je trouve même l’idée assez noble, mais plutôt de ne pas être prêt à accepter la conséquence suivante: on ne peut pas résumer un lore complexe en 2-3 flashbacks. La recherche d’efficacité inhérente aux films d’action rend l’exercice très difficile. Cela n’aurait pas été un problème si le film possédait une fin fermée. En effet, on pourrait facilement accepter l’idée d’avoir créé une trilogie librement inspirée des jeux, se suffisant à elle-même et qui plus est offrant une belle fin, presque originale. Seulement voilà, nous sommes dans une logique de production américaine et la fin est ouverte, finalement nous n’avons aucune certitude sur la mort des personnages et la dernière scène nous introduit deux personnages de la licence pas encore vu dans les films. Il y aura donc vraisemblablement un quatrième film et nous avons déjà eu une série spin-off sur Knuckles et Wade Whipple. Quitte à vouloir absolument créer un MCU-like, pourquoi ne pas suivre le lore déjà existant et ayant déjà fait ses preuves ? S’il avait été modifié pour le mieux, pourquoi pas. Mais ce n’est pas le cas ici, et c’est bien dommage.
En dehors de cette frustration, je dois admettre avoir passé un bon moment, alors que je n’aime pas les films de super-héros ! Les dynamiques entre les personnages sont réussies, les personnages se complètent bien et offrent autant de moments drôles que touchant. Sonic a l’étrange pouvoir d’être un super-héros candide et toujours souriant sans être super niais et ennuyant. Sûrement car il est, comme thématisé dans le deuxième épisode, écrit comme un enfant très mature pour son âge. Le fait que les films soient construits comme des histoires d’amitiés et de familles et qu’il n’y ait aucun love interest fait également beaucoup de bien. Cette construction de film de super-héros plus enfantine fait du bien dans le paysage cinématographique actuel. C’est une licence qui peut faire rêver les enfants sans les enfermer dans un imaginaire hétérocentré. Gros big-up à la relation entre Eggman et son assistant dont on voit une belle déclaration d’amitié, ça fait plaisir de voir un film où même les méchants peuvent faire preuve d’émotions et de tendresse. Si vous avez bien aimé les deux premiers, vous pouvez foncer ! Si vous avez envie de vous changer les idées et de passer un bon moment, foncez ! Si vous ne savez pas quoi faire avec vos petit·e·s adelphes pour les fêtes et que vous voulez un film d’action, foncez ! Ce n’est pas le film de l’année, pas le film du mois non plus mais ça peut être le film d’une après-midi ou d’une soirée entre pote. Quitte à dépenser votre argent au cinéma je vous conseillerai bien d’autres films plus intéressants et mieux écrits mais si vous avez lu cette critique jusqu’ici, c’est que Sonic 3 vous intéresse et dans ce cas, foncez !
Jimmy Capdevila (25.12.2024)
Sonic the Hedgehog 3
- Réalisation: Jeff Fowler
- Pays de production: États-Unis
- Genre: Famille
- Acteurices: Ben Schwartz, James Marsden, Idris Elba
- Durée: 1h50