Gilles Lellouche revient à la réalisation, 6 ans après Le Grand bain, avec L’Amour ouf, adapté du roman éponyme. Comme toujours avec lui, le casting est XXL et toute la communication, ou presque, tourne autour de ça. « Ou presque » car il a aussi été rappelé mille fois qu’il s’agissait d’un film sérieux et grandiose. En effet, le film est vendu comme un drame-romantique musical de presque 3 heures. Personnellement c’est ça qui m’a attiré. Une grosse production française qui n’est ni une comédie ni un drame historique : ma curiosité est attisée.
Le casting me faisait un peu peur en revanche. Même si j’avais bien aimé Le Grand bain, Gilles Lellouche m’agace un peu. Raphaël Quenard m’est insupportable, mais je commence à apprécier Jean-Pascal Zadi (notamment grâce au Procès du chien que je recommande chaudement) et François Civil, bien que je sois convaincue qu’il est de droite, suscite chez moi une certaine sympathie. Adèle Exarchopoulos est une reine qui mérite le monde donc en réalité j’aurais été capable d’aller voir le film juste pour elle, mais j’avoue que voir Alain Chabat là-dedans me faisait beaucoup d’œil aussi.
Mais du coup, que vaut le film? C’est ce qu’on va voir ensemble.
Pour résumer l’histoire, le film est divisé en 2 parties qui raconteront une histoire d’amour difficile entre Jackie et Clotaire (le choix des prénoms est thématisé dans le film, on est pas chez les bourgeois c’est promis). Dans la première, on suit les deux adolescents et leur entourage avant de les découvrir presque trentenaire dans la seconde. Je vais diviser cette critique en deux parties pour suivre le découpage du film, et parce que mon avis diverge totalement entre les deux.
Jackie (Mallory Wanecque) vit seule avec son père (Alain Chabat) suite à la mort de sa mère. Elle quitte son lycée catholique et arrive dans le public où elle va faire la rencontre de Clotaire (Malik Frikah), jeune délinquant déscolarisé et beau gosse. Jackie ayant du caractère et de la répartie, une alchimie se crée entre les deux et une romance débute. Seulement, les mauvaises fréquentations de Clotaire le font sombrer dans de sombres histoires et il passe de jeune délinquant à criminel. Oui, c’est très cliché. Mais je dois avouer que c’est vraiment bien. La réalisation est vraiment léchée, y a de vraies bonnes idées, de magnifiques plans et les deux acteur·ice·s crèvent l’écran. Les moments dansés sont esthétiques, amènent une forme de poésie et permettent à Malik Frikah de sortir un peu de l’image brute du personnage. La relation entre Jackie et son père est super cute – je veux qu’Alain Chabat soit mon père – super touchante et étonnamment subtile de la part de Gilles Lellouche. Je salue aussi la performance de l’acteur qui incarne Kiki, le petit frère de Clotaire. Il n’est ni crédité sur Wikipédia ni sur Allo ciné mais il est super, il joue la version jeune de Raphaël Quenard et est ce que Quenard rêve d’être. J’ai pas grand chose à ajouter, le scénario n’est pas mémorable mais les dialogues sont bien écrits, bien interprétés et les images sont belles : je n’en demandais pas plus.
Et là c’est le drame. Après un peu plus d’une heure de film on passe à la deuxième partie (petite ellipse de 10 ans) et tout s’écroule. Tout le monde commence à jouer comme Gilles Lellouche, ça crie, ça fait de longues tirades, c’est brutal. La réalisation est toujours léchée mais moins impressionnante qu’en première partie, le scénario est toujours autant cliché mais cette fois on perd en poésie, on rentre dans un mélodrame et avec tous les acteurs « adultes » qu’on a déjà vus mille fois. Adèle Exarchopoulos, Alain Chabat et Benoît Poelvoorde sont les seuls à s’en sortir dans cette partie, et encore. C’est vraiment dommage d’être autant tenu en haleine pendant 1h15 pour finalement voir son nombre d’étoiles letterboxd baisser au fur et à mesure. Il y a un petit plot twist un peu sympa tout de même, qui me fait dire que la deuxième partie n’est pas complètement à jeter. Mais voilà, un peu décevant.
Pour récapituler, L’Amour ouf n’est ni totalement raté, ni un film grandiose. Je n’ai pas lu le livre original donc je ne peux pas parler de l’adaptation mais le scénario n’est pas la grande qualité du film (ce qui est dommage quand on est là pour presque 3 heures!). La réalisation est vraiment chouette et la première partie très touchante, c’est pourquoi si vous aimez le cinéma français, que vous voulez regarder un film touchant qui bouge un peu je vous encourage à aller le voir pour vous faire un avis. Si vous en avez marre des « performances » d’acteurs qui crient et tapent dans les murs (à plusieurs reprises) et que vous en avez marre que Raphaël Quenard joue le banlieusard en boguey (il s’appelle Kiki dans le film, je rigole pas), je vous déconseille de payer un billet pour ce film.
Jimmy Capdevila (26.09.2024)
L’amour ouf
- Réalisation: Gilles Lellouche
- Pays de production: France
- Genre: Comédie
- Acteurices: François Civil, Adèle Exarchopoulos, Mallory Wanecque
- Durée: 166 minutes