Deux questions brûlent probablement les lèvres de tous les fans du premier film Mamma Mia!, inspiré de la comédie musicale du même nom mettant en scène les chansons mythiques du groupe suédois ABBA. La première: le deuxième film est-il aussi bien que le premier? Une deuxième question vient ensuite: qui ont-ils réussi à ramener pour la sequel? Pour les curieux qui auraient déjà visionné la bande-annonce, la surprise est moins grande mais c’est justement le parti pris de ce deuxième volet: jouer sur la surprise dans les parties du récit pas encore connues des spectateurs.
En effet, Mamma Mia! Here We Go Again se compose de deux pistes narratives distinctes. Nous suivons d’un côté Sophie Sheridan, toujours incarnée par Amanda Seyfried, qui prépare la réouverture de l’hôtel Bella Donna sur la mémorable île grecque de Kalokairi, île où elle a grandi avec sa mère Donna Sheridan (Meryl Streep). Cette piste fait office du présent narratif et est entrecoupée par une deuxième piste constituée de flashback de la jeunesse de Donna et de ses histoires d’amour se concluant par la naissance de Sophie. Ces flashback sont la mise en images du récit que nous avions eu sous la forme du journal intime de Donna au début du premier volet. Bien que cette piste apporte un vent de fraîcheur au casting du film avec l’arrivée de jeunes et beaux acteurs, les éléments narratifs ainsi que leur dénouement n’offre aucune surprise car nous savons déjà comment ils vont se conclure. De plus, le contraste entre les acteurs un peu vieillissant et déjà connus du premier film avec la jeunesse éclatante de cette nouvelle génération donne à ces flashback un air de passé fantasmé et rêvé par ceux qui en connaissent le déroulement. Forcément, la mise en scène autour du genre de la comédie musicale favorise également ce sentiment.
Je parlais de surprise, donc. La construction narrative de Mamma Mia! Here We Go Again donne l’impression que les scénaristes avaient conscience de la forte attente concernant le retour des stars phares du premier volet et qu’ils ont ainsi eu envie de jouer avec cette intention pour créer des moments de surprise. Ou, en tout cas, la narration du film déconstruit pas mal le stratagème souvent utilisé au cinéma qui consiste à justifier l’absence d’un acteur important en trouvant une excuse au personnage qu’il a incarné: un rendez-vous d’affaire important à l’autre bout du monde, une dispute par téléphone faisant présager une rupture, un manque de nouvelles, etc. Ce que l’on peut positivement observer dans ce deuxième film, c’est que le casting impressionnant n’est ainsi pas présenté et vanté dès le début du récit mais que les différents personnages emblématiques du premier film apparaissent et réapparaissent pour servir le déroulement du récit. Je ferai juste une exception pour l’apparition de Cher qui reste beaucoup trop théâtrale et prévisible pour passer pour naturelle…
En ce qui concerne l’ambiance générale du film, on retrouve avec plaisir les airs cultes du groupe suédois ainsi que les beaux paysages grecques qui avaient charmé le public dans le film précédent. Il y a également des nouveautés en termes de chansons qui n’étonneront pas les fans de ABBA mais qui donneront de la fraîcheur au récit. Ce deuxième volet essaie de voir les choses en plus grand en proposant quelques scènes en dehors de la Grèce, comme à New York, Paris et Tokyo par exemple. Sa construction narrative composée de flashback permet également d’éviter certaines lenteurs qui se font un peu sentir dans la piste du présent diégétique. Au final, même si l’histoire n’avance que peu comparé à la durée totale du film, Mamma Mia!: Here We Go Again a le mérite d’être un bon divertissement, frais et léger, pour l’été. Il suit fidèlement la veine du premier volet, avec la même touche de sentimentalité présente dans certaines scènes et renforcée par les mélodies cultes du groupe ABBA. Ce second film célèbre également, avec encore plus d’importance que le premier, les liens maternels et transgénérationnels qui se transforment ainsi en force pour les personnages féminins principaux.
Il reste une troisième question que tout le monde s’est posée et qui continue à nous trotter dans la tête pendant le visionnage du film: et alors, Meryl Streep, elle est là ou pas? Je ne vous gâcherai pas la surprise et vous laisserai obtenir les réponses à toutes ces questions par vous-mêmes.
Myriam Jouhar (26/07/2018)