Une chose est sûre : que ce soit en matière de teenage movie ou de slasher, Happy Death Day connaît ses références. Nous retrouvons l’habituel campus américain, ses soirées étudiantes et ses fraternités. Notre héroïne est une belle blonde un peu « pétasse », un peu hypocrite mais tout de même attachante. Notre tueur est masqué et son arme de prédilection est le couteau. Nous y trouvons même la présence de la petite boîte à musique dont la mélodie n’a rien d’un bon présage. Les fameux jumpscares sont également au rendez-vous. Bref, Happy Death Day sait où frapper pour faire comprendre à son public (américain) qu’il sait avec quels classiques il a été nourri. Ce public, justement, c’est celui qui a grandi avec MTV et qui a passé son temps devant Teenage Mom, tout comme l’héroïne du film. Ce même public a également vu Scream, Souviens-toi l’été dernier, Clueless et Lolita Malgré Moi. Notons également que la sortie américaine du film a été prévue le vendredi 13 octobre 2017 (coucou Jason Voorhees). Happy Death Day s’inscrit donc dans des pratiques familières et dans une histoire du cinéma de genre ; il reprend ses schémas et les utilise pour construire un récit qui fonctionne. Mais le film ne va pas au-delà de ce point de départ et, tout en s’appuyant sur des références bien connues, ne prend pas de risque et conclut son récit en ne révolutionnant pas ses codes.
Mais commençons par le commencement. Happy Death Day, réalisé par Christopher B. Landon, raconte l’histoire de Theresa Gelbman, alias Tree, une étudiante qui est vouée à revivre le jour de son anniversaire, jusqu’à ce qu’elle découvre l’identité de la personne qui la tue immanquablement à la fin de ce jour sans fin (on la sentait venir celle-là mais, rassurez-vous, le film aussi). Que peut-on apprendre d’un jour que l’on revit sans cesse ? Le message du film semble clair à ce niveau-là : il n’est jamais trop tard pour changer et devenir une bonne personne. Malgré l’aspect horrifique que propose chaque fin de ce jour à répétition, cette situation va permettre à Tree d’en apprendre sur les personnes qu’elle côtoie, de percevoir son environnement différemment et de se découvrir elle-même. L’expérience de Tree n’est donc pas si différente de celle d’une Cher Horovitz qui découvre qu’elle prend du plaisir à faire le bien autour d’elle.
Là où le film fait bon, c’est dans son concept de tenir un récit d’une heure trente sur les enchaînements à répétition d’une même journée. Même si Happy Death Day se permet quelques raccourcis faciles et même si son récit contient quelques incohérences et lacunes, il ne tombe pas dans la longueur. En effet, puisque Tree apprend à maîtriser le cours des événements de sa journée d’anniversaire, ces derniers évoluent justement selon ses différentes prises de décision. Cela permet donc au récit de s’ouvrir sur d’autres portes, offrant ainsi au spectateur de pouvoir explorer une journée de l’univers du film sous des angles et lieux différents. Le film force ainsi le spectateur à être attentif au moindre objet, à la moindre présence ou indice suspect dans chacune des journées que vit Tree. Même s’il ne donne aucune explication véritable sur le fait que la jeune femme peut ainsi revivre le jour de son anniversaire (et de sa mort donc), Happy Death Day tient son pari sur le développement d’une journée sans fin.
Le concept commence à s’essouffler dans la dernière partie du film, quand il faut dévoiler l’identité du tueur et lui trouver un motif. Les explications s’enchaînent très vite, essayant ainsi de passer sous silence leur côté arbitraire, un peu facile et gratuit. Les rebondissements finaux sont peu surprenants et, si les quelques indices laissés sur la véritable identité du tueur ont été perçus par avance, cette dernière devient presque évidente. Une fin un peu décevante pour un film qui avait tapé juste dans un concept vu et revu. Pour pouvoir apprécier le film, il faut le prendre pour ce qu’il est : un bon teenage movie et un slasher pas très innovant mais qui fonctionne. En termes de divertissement, Happy Death Day tient donc ses promesses. Il ne s’agit pas lui attribuer des prétentions de déconstruction de codes qu’il ne possède pas. A l’inverse, leur présence ne fait que renforcer leur importance au sein de deux genres qui ont encore de beaux jours devant eux.
Myriam Jouhar (10/11/2017)