Cinq ans après avoir dit au revoir à Poudlard et Harry Potter, J.K. Rowling rouvre les portes de son univers magique pour Les Animaux Fantastiques. On retrouve David Yates derrière la caméra. Lui qui avait déjà réalisé les quatre derniers volets de l’histoire du jeune magicien. Mais cette fois adieu la Grande Bretagne et Poudlard, bonjour l’Amérique des années 1920. Bien qu’il soit un des films les plus attendus de cette fin d’année, que vaut réellement le premier « spin-off » de l’univers Harry Potter ?
Le film suit les aventures de Robert Dragonneau (Eddie Redmayne), un « magico-zoologiste » voyageant aux quatre coins du monde pour sauver des animaux aussi fantastiques que mal compris. Dans le but d’écrire un livre sur ces créatures, il accoste à New York en 1926. A la suite d’un malentendu, il échange sa valise pleine de créature et certain s’en échappent. Avec l’aide de Tina Golstein (Katherine Waterstone), membre du « Congrès Magique des Etats-Unis d’Amérique », du « non-maj’ » (moldu américain) Jacob Kowalski (Dan Fogler) et Queenie Goldstein (Alison Sudol), soeur radieuse de Tina, Robert Dragonneau doit retrouver ses créatures. S’en suit alors une course poursuite à travers New York. Dans un contexte magique plus global, les quatre protagonistes vont devoir faire face au scepticisme de la communauté des sorciers américains, mais également aux forces du mal qui tiennent la grande place de la seconde trame narrative. Bien que l’histoire est intéressante, Les Animaux Fantastiques n’est pas aussi magique que ces prédécesseurs.
Commençons par parler de ce qui marche dans le film. Tout d’abord, les personnages sont bien portés à l’écran par les quatre acteurs principaux. Mais c’est Katherine Waterstone et Dan Fogler qui volent le spectacle. Chaque instant où ils se retrouvent à l’écran on découvre deux personnages attachants, drôles, mais qui savent aussi mettre en avant ce ton plus sombre qui avait si bien marché dans la saga Harry Potter. Pour sa part Eddie Redmayne fait un travail intéressant mais qui laisse un peu sur sa faim. On a envie d’en voir plus, ce qui est une bonne chose, mais il m’hériterait d’avoir un peu plus de construction. Au niveau des personnages secondaires, celui interprété par Colin Farrell est sans doute celui qui sort le plus du lot grâce au travail qu’il fait. En effet, à chaque fois qu’il se retrouve à l’écran on ne se dit pas « c’est Colin Farrell ». Il arrive à casser son image de star ce qui n’est pas toujours facile dans ce genre de grands films, et interprète un personnage complexe et intrigant.
Les clins d’oeil portés à l’univers créé par J.K. Rowling fonctionnent également très bien. Car on ne se trouve pas dans l’excès de fan-service. Les mentions à un monde connu par les spectateurs rendent le film ludique, surtout le côté « jeu des sept erreurs » qu’amène les différences entre le monde magique américain et l’anglais. De plus, ce nouveau monde magique est amené de façon intelligente dans l’histoire. On aime le découvrir de la même façon qu’on avait aimé le faire dans les films précédents. C’est d’ailleurs une des grandes forces du film ; arriver à agrandir un univers très vaste, ce qui donne une profondeur aux films précédents ainsi que tous ceux à venir.
Néanmoins, là où le film peine à imposer sa marque réside dans les effets spéciaux. En effet, bien que certains aspects du films marchent, les créatures fantastiques par exemple, d’autres sont criants d’artificialité. On ressent bien trop, par instants, le fond vert. Ce qui est dommage car cela casse l’immersion dans cet univers. Mais relance également certains débats qui font ragent depuis quelques temps à Hollywood. Pourquoi abusé de l’image de synthèse ? En effet, ce qui avait marché dans les derniers volets de la saga Harry Potter était justement ce côté réel porté à l’écran. Dans Les Animaux Fantastiques, David Yates se laisse un peu emporté par la technique sans vraiment se demander si cela fonctionne.
Pour finir, le retournement de situation à la fin est aussi un très gros problème du film. Sans trop spoiler l’histoire, on le voit venir à des kilomètres ce qui gâche un peu la surprise.
En conclusion, Les Animaux Fantastiques est un film qui fait son travail de divertissement. Mais on ne se trouve pas transcendé par l’histoire et la magie du film. On est laissé un peu sur notre faim ce qui est à la fois une bonne chose (en effet, J.K. Rowling et la Warner ont annoncé quatre suites au film), mais d’un autre côté, il ne tient pas sur lui même ce qui pose un problème à ce genre de saga. Malgré tout, Les Animaux Fantastiques redore le blason du cinéma fantastique qui peine, ces dernières années, à reprendre sa position du début des années 2000.
Simon Coderey (17/11/2016)