Un petit selfie ?

Narcisse, c’est son nom. Sa mère se demande :
allait-il voir temps long, maturité, vieillesse ?
Consulté, le devin*, en diseur de destin :

(*celui d’Œdipe, Tirésias : on est à Thèbes…)

S’il ne se connaît pas…

Ovide, Métamorphoses, III, 346-348

… Narcissumque vocat. De quo consultus, an esset
tempora maturae visurus longa senectae,
fatidicus vates ‘si se non noverit’ inquit.

Platon, Charmide, 164d-165a

L’inscription est là, me semble-t-il, comme une parole d’accueil du dieu à celui qui entre. À la place de s’adresser à lui en disant “Réjouis-toi !”, elle suggère qu’il n’est pas juste qu’on se salue ainsi, qu’il ne faut pas s’exhorter les uns les autres à être heureux mais à être sages. […] Mais elle le dit bien sûr de façon plus énigmatique, comme un devin : “Connais-toi toi-même !”, c’est la même chose que “Sois sage !” — le texte dit cela, et moi aussi. Mais on pourrait croire sans peine autre chose. C’est ce qui est arrivé, me semble-t-il, à ceux qui ont consacré les inscriptions postérieures, “Rien de trop” et “Gage est début d’égarement”: ils ont cru que “Connais-toi toi-même !” était un conseil et non un salut du dieu à ceux qui entrent.

(C’est Critias qui parle, et Socrate amènera ensuite un nouveau questionnement : peut-on savoir si être sage, c’est se connaître soi-même, si on sait qu’on sait et qu’on ignore, mais non ce qu’on sait et ce qu’on ignore ?)

Anthologie grecque, Appendix, Épigrammes d’exhortation et de supplication, 60

Τὸ ΓΝΩΘΙ ΣΕΑΥΤΟΝ ἐν λόγοις οὐδὲν μέγα,
ἔργῳ μόνος δὲ τοῦτ’ ἐπίσταται θεός.

“Connais-toi toi-même” — en mots, c’est bien peu,
en actes cependant… seul le sait le dieu.